COURS 1
La «civilisation du journal»
Les historiens du livre et de la lecture ont souvent vu le XIXᵉ siècle comme le moment du triomphe du livre; il faudrait sans doute plutôt parler du triomphe de l’imprimé et, plus précisément, de l’imprimé périodique. Car c’est par la presse, celle du roman-feuilleton et des quotidiens à un sou, que les nouveaux alphabétisés entrent dans la lecture. […] Plus avant dans Ie siecle, on observe que les classes populaires viennent à la lecture par le journal, et par le roman-feuilleton en particulier. […]
En 1803, les onze titres de quotidiens parisiens autorisés par le pouvoir représentent un tirage journalier de 36 000 exemplaires. Entre 1830 et 1914, la presse parisienne, dont la diffusion est à la fois parisienne et provinciale, voit ses tirages multipliés par soixante. Deux moments de changements d’échelle se détachent : la rupture de 1836, tout d’abord, avec la division par deux du prix de l’abonnement, qui passe de 80 à 40 francs et permet en deux décennies le doublement des tirages, atteignant 145 000 exemplaires en 1845. Ensuite, la rupture de 1863, avec l’affirmation de la presse vendue au numéro pour un sou (5 centimes) : entre 1845 et 1870, les tirages quintuplent et dépassent le million d’exemplaires, dont 600 000 pour la presse à un sou en 1870. Les quatre-vingts quotidiens parisiens atteignent, en 1914, 5,5 millions d’exemplaires.
Judith Lyon-Caen, «Lecteurs et lectures», La Civilisation du Journal, p. 29
Les journaux mentionnés par Judith Lyon-Caen au début du chapitre «Lecteurs et lectures»:
L’alphabétisme
Un graphique montrant que de plus en plus d’hommes et de femmes peuvent signer leur nom entre le début et la fin du 19e siècle (Jean-Pierre Pélissier et Danièle Rébaudo, « Une approche de l’illettrisme en France », Histoire & mesure, XIX – 1/2 | 2004, 161-202)
La matérialité du journal
Deux courts-métrages de l’année 1896 où on peut voir la taille d’un journal quotidien :