Anne Colaire

Bonjour à toutes et à tous. Je suis Céline Beautrelet, et je viens d’une famille ouvrière parisienne qui m’a appris à toujours me battre pour ce en quoi je crois. Quand j’étais petite, ma famille ne savait jamais si nous aurions assez d’argent pour manger le jour prochain. Aujourd’hui, je suis femme de ménage pour une famille riche qui habite au centre de Paris. C’est un travail parfois laborieux, mais de cette manière je peux faire bouillir la marmite. Le chef de cette famille est directeur d’une publication bien connue dans la ville. Un jour, il a appris que moi aussi j’aime bien écrire, et tout a changé…

Mais vous vous intéressez plutôt à Anne Colaire, la chroniqueuse engagée qui est en train de devenir célèbre. Elle est issue d’une famille parisienne aisée mais cela ne l’empêche ni de traiter le sujet des Parisiens ouvriers, ni de remettre en question comment la société élite dont elle fait partie les traite. Sa perspective fraîche, son ton critique et pressé, et sa compassion pour tout le peuple français attire un public qui devient de plus en plus grand chaque jour.

En fait, Céline Beautrelet, Anne Colaire — c’est pareil. J’ai décidé d’écrire sous le masque d’un personnage qui me permettrait d’être lue par un public élite qui sinon ne me jetterait jamais un coup d’œil. Il est déjà difficile d’être écrivaine — mais être une écrivaine ouvrière, c’est la mort. C’est ma mission d’infiltrer le lectorat élite afin que nous, les ouvriers, puissions enfin être écoutés.

Je suis Anne Colaire, et je suis en colère.