D’un point de vue extérieur, on dit que Paris est la ville lumière ou la ville de l’amour. Ces sobriquets que nous donnent de simples visiteurs et parvenus de notre parenté commune ne révèlent que ce que Paris révèle à un niveau superficiel. Paris, pour ceux qui ne connaissent pas le véritable air de la ville, n’est que superficiel. Les perceptions superflues et les vues idéalistes romantisent Paris – et Paris est ainsi façonné pour représenter dans l’esprit de l’étranger sa propre fiction. Cependant, ces erreurs superposent le vrai Paris – notre Paris – un Paris connu uniquement de Paris et de Paris seulement.
Notre ville ne dort jamais vraiment, comme la plupart des villes. La journée commence ici avant même de vraiment commencer. Aux yeux de l’extérieur, la vie parisienne est liée par une monotonie romancée. Pourtant, les rues de Paris racontent une histoire bien plus profonde que ce que l’on croit. Pour beaucoup, les Parisiens ne sont que des éléments du paysage parisien, en particulier les femmes ; ces perspectives extérieures se répercutent sur le pouvoir et les autorités parisiennes. Les femmes jouent un rôle malheureusement involontaire dans la société parisienne. Contraints d’être des serviteurs familiaux et des citoyens de 2e classe, mais nés pour bien plus. Notre rôle imposé dans la société parisienne a notre existence par rapport aux hommes ; nous ne sommes rien sans les hommes. Pourtant, les femmes sont bien plus que de simples éléments du paysage parisien. En réalité, nous sommes l’épine dorsale de notre société. Nous sommes les seules à expliquer pourquoi le paysage parisien est si romancé, car il n’y aurait rien de romancé sans les femmes. Les femmes font le foyer, élèvent et soutiennent les familles, donc les femmes font l’homme.
Même si beaucoup ne reconnaissent pas notre rôle vital dans la société, je le constate et je l’applaudis. Je le recommande. Les rues de Paris illustrent le rôle et le pouvoir des femmes. Il faut dépasser les représentations superficielles de Paris et se pencher sur la réalité profonde de la société parisienne.
Le rôle crucial des femmes dans la société commence, avant même le début de la journée. Aux fenêtres des appartements et des maisons donnant sur la rue, aux petites heures du matin, nous voyons une mère bercer son jeune bébé à la simple lueur des bougies, le petit-déjeuner du matin en train d’être préparé sur la table à côté d’elle et une pile de vêtements à réparer derrière elle. Les enfants apparaissent un à un alors qu’elle continue de travailler aux côtés du soleil levant. Elle fait des tournées pendant qu’elle prépare le petit-déjeuner et aide ses enfants à préparer la journée. Elle salue son mari et lui tend sa première nourriture pour la journée, tout en s’arrêtant brièvement pour raccommoder son pantalon. Alors que son mari part, elle se rend à son prochain travail de la journée, accomplissant les tâches ménagères et divertissant ses enfants.
Dans la rue, nous voyons nombre de nos Parisiennes cumuler plusieurs rôles. De femme au foyer à mère en passant par vendeuse, nous devons porter plusieurs casquettes pour soutenir nos familles, et donc la société. Au coin, on aperçoit les poissonniers qui vendent les prises de leurs maris fraîchement sorties du bateau ce matin même. Au coin voisin, des femmes crient pour vendre leurs légumes et leurs œufs, leurs plus jeunes enfants courant à leurs côtés. Je les regarde travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles. Je les regarde vendre à d’autres femmes, subvenant ainsi aux besoins de leur famille. La nécessité engendre le changement et l’innovation. Ce changement, qui n’a pas encore été reconnu par mes pairs masculins, illustre l’importance même des femmes. Car ce ne sont pas les hommes qui étaient censés assumer davantage de responsabilités, mais plutôt les femmes qui vont de maison en rue, en maison, accomplissant un équilibre entre le foyer et le travail dans la rue. Seules les femmes peuvent répondre à ces attentes, car c’est pourquoi nous devons les réaliser, pas les hommes.
Les femmes, dans tout leur pouvoir, doivent accomplir des tâches ménagères complètes tout en gagnant un revenu. Et celles-ci sont censées avoir le dîner sur la table au moment où leurs maris rentrent à la maison. Notre rôle, bien qu’involontaire, nous donne du pouvoir ; un pouvoir qu’aucun homme n’a, un pouvoir qu’aucun homme n’a réalisé qu’ils nous ont donné. Nous faisons tout. Les rues illustrent à quel point nous sommes puissants et comment, sans nous, la société parisienne s’effondrerait. Sans nous, il n’y aurait pas de Paris.