Guy de Maupassant
Je ne vais pas parler de la vie entière de Maupassant, car je suis sûre que nous l’aurons vu dans l’exposé de Mary Virginia lundi. Nous commencerons donc directement par Maupassant et l’Algérie.
l’Algérie
Il a été envoyé en Algérie comme correspondant pour le journal Le Gaulois pendant l’été de 1881, où il écrit une série d’articles critiquant la colonisation française de l’Algérie.
« Alger à vol d’oiseau », Le Gaulois, 17 juillet 1881
- Il a d’abord écrit ces lettres sous un pseudonyme, « Un colon »
- Il est audacieux et critique sévèrement la colonisation en Algérie
Il encourage les Français à se préoccuper de la situation des Algériens :
Les bêtises, énormes à première vue, débitées par les phraseurs avocats attitrés de notre colonie ; le point de vue étroit, patriotique si l’on veut, mais odieusement inhumain où ils se placent, donnent un désir ardent de tenter de comprendre quelque chose à cette situation unique au monde des populations algériennes.
Pensez-vous que Maupassant devrait être permis à écrire sur ce sujet en tant que non-algérien?
Quel est l’effet d’un homme blanc français écrivant sur l’Algérie de cette manière pour son public français ?
Intermède pour l’actualité :
En ce moment, par exemple, toute l’attention se porte vers Géryville, Saïda et autres lieux que fréquente en ses promenades inattendues le vagabond Bou-Amama.
- Cheikh Bouamama a mené une résistance populaire contre l’occupation française en Algérie de 1881 à 1908. Il est devenu un cheikh, un chef religieux et un guerrier mystique. Sa résistance était une combinaison d’actions religieuses et politiques, dans le but d’arrêter l’expansion coloniale française dans le sud de l’Oranie. Sa résistance a été l’une des plus longues et des plus importantes révoltes contre le colonialisme français en Algérie.
Pensez-vous que Maupassant était révolutionnaire et anticolonialiste, ou qu’il était critique à propos du colonialisme français en Algérie ? Quelle est la différence ?
En traversant l’Algérie, province par province, je m’efforcerai de saisir, si c’est possible, la situation exacte où se trouvent le colon et l’indigène.
C’est nous qui avons l’air de barbares au milieu de ces barbares, brutes il est vrai, mais qui sont chez eux et auxquels les siècles ont appris des coutumes dont nous semblons n’avoir pas encore compris le sens. Napoléon III a dit un mot (peut-être soufflé par un ministre) : — « Ce qu’il faut à l’Algérie, ce n’est pas des conquérants, mais des initiateurs. » — Nous sommes restés des conquérants brutaux, maladroits, infatués de nos idées toutes faites. Nos mœurs imposées, nos maisons parisiennes, nos usages choquent sous ce ciel comme des fautes grossières d’art, de sagesse et de compréhension. Tout ce que nous faisons semble un contresens, un défi à ce pays, non pas tant à ses habitants qu’à la terre elle-même.
Quels sont les mots qu’il utilise pour décrire le peuple algérien et le pays ? Comment certains de ces mots sont-ils problématiques ?
Des gueux innombrables, vêtus d’une simple chemise ou de deux tapis cousus en forme de chasuble, ou d’un vieux sac percé de trous pour la tête et les bras, toujours nu-jambes et nu-pieds vont, viennent, s’injurient, se battent, vermineux, loqueteux, barbouillés de fange et puant la bête.
Maupassant parle de la mauvaise odeur des Algériens, ce qui évoque une scène du film Parasite où le père riche se plaint des domestiques de sa maison :
Ils sentent tous la même odeur.
En décrivant les Algériens, Maupassant a renforcé les tropes problématiques concernant une nation entière. En même temps, ses écrits ont révélé l’horreur et le mal de la colonisation française, ce qui était extrêmement rare pour un écrivain français à l’époque.
Dans « Bel-Ami », comment Maupassant se critique-t-il lui-même à travers le personnage de Duroy dans le chapitre 3 ?
Il murmura, en hésitant : –Voilà… mais vraiment… je n’ose pas… C’est que j’ai travaillé hier soir très tard… et ce matin… très tôt… pour faire cet article sur l’Algérie que M. Walter m’a demandé… et je n’arrive à rien de bon… j’ai déchiré tous mes essais… Je n’ai pas l’habitude de ce travail-là, moi ; et je venais demander à Forestier de m’aider… pour une fois…
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