Cher lecteur, est-ce que vous avez vu le débat brûlant en France cette semaine ? Si non, laissez-moi vous expliquer le débat Giffard-Millaud, et bien sûr je donnerai mon avis sur le sujet aussi !
Vous connaissez les deux rédacteurs, qui s’appellent Albert Millaud et Pierre Giffard ? Millaud est un chroniqueur, et Giffard est un reporter, et cette semaine, ils ont écrit deux articles au sujet des effets de la presse sur la littérature. Ils ont créé un scandale dans les pages du Figaro — une guerre des mots !
Le 6 mai, Millaud a écrit que « le journalisme a tué la littérature et le reportage est en train de tuer le journalisme. » En premier, quand la littérature régnait en maître, Millaud a dit qu’ « on préférait la gloire à l’argent et l’on était quelqu’un par ses idées, sa forme, son originalité propre, sa signature. » Au début du journalisme quotidien, les « hommes de valeur » dans l’industrie « ont apporté leurs mots charmants, leurs spirituelles réflexions, leurs commentaires humoristiques, » mais Millaud a continué, disant que « le journal, avec sa gloire immédiate, son gain tout de suite réalisé, sa publicité puissante, son succès rapide, s’emparait de l’écrivain et tuait le livre. »
Des lecteurs n’avaient plus l’intérêt à lire des géniaux œuvres de la littérature, et les écrivains qui, à l’époque, écrivaient ces livres ont brûlé d’envie d’avoir l’argent que les journalistes ont gagné, Millaud a écrit. Le cycle se répète, cette fois avec le reportage, qui vainc le journalisme. « La Presse, c’est à dire la représentation la plus absolue, la plus répandue de la littérature contemporaine, appartient non pas au plus instruit, au plus savant, au plus spirituel, mais au mieux informé ou au plus audacieux. » Il a peur qu’ — avec la popularisation du reportage en France — le lecteur français vont devenir comme le lecteur americain, qui « est encore un lecteur dans l’enfance, incapable de comprendre les grandes choses de l’art et de la littérature. » Il stresse que le débat entre la littérature et la presse soit vraiment une lutte pour l’esprit et l’âme de la France.
Le jour suivant, Giffard a écrit une réponse qui s’appelle Journalisme & Reportage, et il critique Millaud autant qu’il critique son opinion sur la presse. Il dit que « Millaud est le plus juvénile et le plus fin représentant d’une école que je qualifierai d’antérieure, pour ne point chagriner la coquetterie de ses adeptes. » Cette vue de la presse est vielle jeu, Giffard écrit, donc il va se rallier à la nouvelle école du journalisme quotidien. Avec des nouveaux outils comme les téléphones et les télégraphes, la presse a dû changer, Giffard écrit, et Millaud doit avoir confiance que la presse et les lecteurs français ne perdront pas tout de leur goût pendant cette évolution.
« Le public français a du goût, » Giffard écrit. « Il ne s’attachera nullement à ces billevesées américaines dont on a tant sujet de s’irriter. Non, mais il lui faut du reportage tout de même. Et ce reportage, il l’exigera de plus en plus des journaux, à la condition qu’on le lui donne sous une forme littéraire, avec le souci de ne pas le choquer, et aussi de ne pas le tromper. »
J’imagine, cher lecteur, que vous voulez savoir ce que je pense du débat, non ? Je vois ce que Millaud dit, et je comprends ses soucis sur le futur de l’intelligence française si on n’étudie pas la littérature, l’art, et la culture en général comme on fait maintenant. En même temps, la presse nous donne de l’information importante au sujet de la politique mondiale, le gouvernement parisien, et aussi, la nouvelle en art et culture ! Sans cette information, on perd une autre vue du monde — en particulier, pour la classe moyenne, qui peut-être ne peuvent pas accéder à la littérature mais qui souhaite gagner la connaissance.
Sous l’article de Millaud, il y a une partie du journal qui s’appelle Les Échos de Paris. Ce fait, cher lecteur, m’explique exactement qui va gagner cette guerre entre la littérature, le journalisme, et le reportage, qu’on le veuille ou non.