Tous ces textes, publiés dans la presse entre 1881 (Zola) et 1886 (Millaud et Giffard), renvoie à un débat autour du journalisme au XIXe siècle en France : ses qualités littéraires, son son caractère quotidien et commercial, son rapport à l’information. Par cela ces articles renvoient également à Bel-Ami et aux réponses de certains critiques envers ce roman qu’ils trouvaient trop cynique, trop pessimiste à l’égard du journalisme français.
Échos du débat
Qu’en restera-t-il de tout cela ! Rien ? […]
Il aura été aussi inutile de chroniquer pendant des semaines, des années, qu’il est inutile d’écrire son nom sur le sable. […]
L’actualité, l’actualité ! Il faut courir après elle, où elle se trouve. On est son galérien, moins que cela, son domestique.
Jules Vallès, «Hier-Demain», Le Nain Jaune, 14 février 1867
Tous parurent étonnés de trouver à Lucien des scrupules et achevèrent de mettre en lambeaux sa robe prétexte pour lui passer la robe virile des journalistes.
Balzac, Illusions perdues, p. 422
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La chronique—son nom l’indique—n’est que la fleur d’un jour, et le lendemain elle est fanée. Et c’est grand’pitié de penser que tant d’hommes de talent qui auraient pu, peut-être, doter la littérature française de beaux et nobles ouvrages, ne laisseront derrière eux que des chroniques, c’est-à-dire une fumée qui se dissipe, un parfum qui s’évapore, un bruit qui rentre bientôt dans le grand silence des choses mortes — c’est-à-dire rien.
Octave Mirbeau, «Bâtons rompus», Le Gaulois, 24 mai 1886
Il y avait, parmi nous, des romancières de valeur incontestée, des nouvellistes de talent reconnu ; des chroniqueuses même acceptées hospitalièrement, je n’ose point vraiment dire par le vilain sexe… Mais, cela, c’est, en quelque sorte du journalisme assis. Aurait-on du journalisme debout, courant, alerte, s’assouplissant à l’actualité : du reportage, de l’information ?
Séverine, «Un An!», La Fronde, 9 décembre 1898