Les Femmes Modernes à la Belle Époque : La Presse

La Belle Époque

La Belle Époque est une période de la fin du XIXe siècle, qui se situe généralement entre la fin de la guerre franco-prussienne en 1871 et le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914. Mais en France, on pensait d’ailleurs que cette période était ont commencé vers le milieu ou la fin des années 1880 en raison des troubles politiques et des problemes économiques successives pendant les années 70 et 80. La période est caractérisée par la prospérité économique, des progrès culturels et artistiques importants, l’innovation technologique et aussi un sentiment de paix relative à travers le continent européen. Cette période était considérée comme un “âge d’or” par rapport aux années de guerre suivantes.

Le Boulevard Montmartre, 1897, par Camille Pissarro
Marchand de fleurs, la rue du Havre, Paris par Louis Marie De Schryver (France, 1893)

La Belle Époque a été une époque de grands changements et d’expansion pour les publications quotidiennes d’information et la publicité. Il y a eu un grand épanouissement artistique et littéraire, notamment avec la montée de l’impressionnisme et de l’art moderne. La période est marquée par des événements marquants comme la construction de la Tour Eiffel, du métro de Paris et de l’Opéra de Paris.

Moulin Rouge: La Goulue, un affiche par Henri de Toulouse-Lautrec
Affiche pour l’exposition de la tour Eiffel (1889)
Grand globe céleste. Exposition Universelle de 1900

Événements Notables de la Belle Époque

Les événements énumérés ci-dessous se sont produits entre 1871 – 1914 et sont soit français, soit “adjacents à la France” (pertinents pour la France).

  • 1871: La Commune de Paris
  • 1877: La reine Victoria est proclamée impératrice des Indes
  • 1881: Liberté de la presse
  • 1883: La campagne du Tonkin; pour occuper le nord du Vietnam.
  • 1884: Les lois Naquet
  • 1885: Louis Pasteur et Émile Roux développent le vaccin contre la rage
  • 1886: La campagne du Tonkin se termine par une victoire française.
  • 1887: L’Indochine française est établie.
  • 1889: La tour Eiffel est achevée à Paris pour l’Exposition Universelle de Paris de 1889.
  • 1893: La guerre franco-siamoise; l’annexion du Laos actuel à l’Indochine française.
  • 1894: L’affaire Dreyfus commence.
  • 1898: La guerre hispano-américaine, se terminant par le traité de Paris.
  • 1900: L’Exposition Universelle de Paris
  • 1903: The first Tour de France is held
  • 1906: La résolution de l’affaire Dreyfus
  • 1910: Crue de la Seine.
  • 1914: L’archiduc Ferdinand d’Autriche est assassinés, déclenchant la Première Guerre mondiale.

Belle Époque et La Presse Féminine

Palais de l’Industrie, août-novembre [1892] – Exposition des Arts féminins – La Parisienne du Siècle. Affiche de Jean-Louis Forain

À la Belle Époque, les publications grand public ont commencé à décrire les femmes comme des personnes capables. Cela a contribué à commencer à normaliser l’idée de l’égalité intellectuelle des femmes avec les hommes. Les femmes se sont davantage impliquées dans des domaines tels que les arts, la littérature et la mode. Les femmes ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration du paysage culturel.

Vélo de sécurité pour dames de 1889 – doté d’un cadre découpé pour accueillir des robes longues et d’une chaîne mécanique
Une dame en costume de chasse avec une dame en costume de marche sur un chemin de montagne de La Mode Illustrée, (Adèle-Anaïs Toudouze, 1881)
Imprimerie Lithographique: Travaux d’Art Boisselet. par Lefèvre en 1897. Haut Musée d’Art

Cette période voit l’essor des revues féminins promouvant un nouveau modèle de féminité et d’indépendance. Beaucoup de ces revues et journals ont contribué à créer un nouveau modèle de féminité à la fois indépendant et moderne, tout en conservant des aspects de la féminité. Ces revues proposaient une version différente du féminisme par rapport à l’idéal de la “la Nouvelle Femme” (New-World Women), considéré principalement comme une importation britannique, et une suffragette.

Ces deux idéaux étaient souvent vus et représentés comme des femmes abandonnant leur féminité. Plutôt, ces nouveaux médias présentaient la “femme moderne” comme une personne capable de forger sa propre vie indépendante tout en conservant les aspects traditionnels de la féminité. Ces revues ne plaidaient pas pour une réforme du code civil français ni pour le droit de vote des femmes. Ces revues visaient plutôt à exposer les Françaises à la littérature, à encourager l’écriture et à leur inculquer une certaine capacité d’action personnelle.

Une bande dessinée avec une caricature de suffragette; Les Belles Image pg 4, Jan. 22 1914
Caricature des suffragettes, Bing et Sigle, 1909

La Fronde

Lancé par Marguerite Durand en 1897, La Fronde fut le premier journal français entièrement dirigé par des femmes. La Fronde est comparable à la plupart des autres quotidiens de l’époque. Il contient des articles sur des sujets tels que la finance, la politique, et les feuilletons, y compris les conditions de travail, droits de citoyenneté, et l’égalité salariale. Mais ce qui le distingue, c’est que le journal est produit par un personnel exclusivement féminin. Parmi les auteurs, on retrouve des écrivaines, des profs et l’œuvre de Séverine. La Fronde défend la cause dreyfusarde et fut publiée jusqu’en 1903.

Fondatrice de La Fronde, Marguerite Durand

D’autres journaux critiquent la présence des femmes, remettant souvent en question leur capacité à aborder des sujets qu’elles considèrent comme spécifiquement masculins, comme la guerre. La Fronde a été largement critiquée comme militante féministe. Aussi, lancer un journal en pleine affaire Dreyfus était un défi pour Durand, d’autant plus que le journal était financé par un banquier juif.

“Plus de distinction entre celle de rue et celle de foyer: la femme tout court, l’espece feminine”

La Fronde, 9 décembre 1897 (1st issue), Marie Anne De Bovat “Menageres ou Courtisanes”

“Qu’on laisse aussi les femmes ordonner leur vie á leur guise et á leur risques, le plus honnêtement possible”

La Fronde, 9 décembre 1897 (1st issue), Marie Anne De Bovat “Menageres ou Courtisanes”

“Pourquoi j’ai fondé ce journal ? nous dit Mme Marguerite Durand ; le voici. L’an dernier, j’assistais aux séances du congrès féministe de Paris [..] Je fus fort surprise de voir là des femmes, qui avaient des idées bonnes, de grandes qualités et du cœur, et je fus prise pour elles d’une vive sympathie. Je réfléchis alors que ces femmes, que les théories qu’elles défendaient pas toujours très habilement, il est vrai, n’étaient pas connues du public, qui se faisait sur les unes et sur les autres des idées fausses.”

Le Temps, 7 Dec. 1897, pg 3/4

“Nous ne cherchons pas à prendre votre place, nous voulons notre place à côté de vous.”

La Fronde, 11 mars 1899, pg 1/6

Le titre, La Fronde, fait référence à la rébellion de la Fronde de 1648 à 1653 contre la monarchie en France. La tradition du “frondeur” au sein du journalisme dérive de cette rébellion. L’allusion dans le titre s’aligne sur la notion “frondeur” selon laquelle les groupes marginalisés ont le droit de s’engager dans des dialogues sur des questions importantes. Bien qu’à l’époque de la parution de ce journal, fronder ait une connotation qui impliquait une attaque contre l’establishment patriarcal par la satire. Les chroniques de Séverine “Notes d’une Frondeuse” semblent être une tentative de réduire l’écart entre le mode de vie de la haute société de Durand et la privation sociale et l’inégalité entre les sexes que connaissaient la plupart des autres femmes en France à cette époque.

La Fronde exploite le stigmate de la féminité pour justifier l’existence et le raisonnement. Le journal était chargé d’impliquer les femmes dans les questions non domestiques, de réforme sociale et d’activisme. La Fronde a favorisé le concept selon lequel les femmes étaient bien informées et avaient des opinions sur des questions et des sphères traditionnellement masculines. Il a également activement critiqué les représentations inexactes des femmes dans la littérature et les médias.

Salle de composition de La Fronde de The Sketch, Vol. XXI, n° 262, 2 février 1898, pg 59

Les Revues Féminine

La Belle Époque a vu l’essor des publications féminines traitant de sujets tels que la mode, l’entretien ménager et le féminisme. Outre le format de journal typique de La Fronde, deux revues notables ont été produits et distribués au cours de la dernière partie de la période; Femina et La Vie Heureuse. Pus de presse ont commencé à aborder des sujets traditionnellement tabous tant pour les femmes que pour la presse en général, comme le divorce (ou le mariage) et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. D’autres extraits de ces revues concernaient des femmes qui conduisaient, des femmes faisant du sport, ou des femmes qui travaillent. Il y avait de nombreuses publicités, particulièrement destinées aux femmes, qui présentaient des équipements d’exercice, des vêtements et des articles plus liés à la beauté.

Avant ces publications, les femmes écrivains étaient souvent décrites comme égocentriques ou négligeant les institutions sociétales comme la famille. Femina et La Vie Heureuse visaient à communiquer que les femmes pouvaient être plus que des mères et des épouses, tout en tirant une profonde satisfaction d’avoir une famille. Ces revues présentaient les femmes comme des individus capables. Faire cela dans une publication plus grand public a contribué à normaliser l’idée selon laquelle les femmes sont intellectuellement égales aux hommes.

Couverture du premier numéro de Femina du 1er janvier 1901, magazine français publié à Paris

1er numéro de La Vie Heureuse, publié le 15 octobre 1902:

Ces 2 publications rejettent le féminisme de La Fronde et choisissent de créer un modèle de femme indépendante et moderne qui conserve néanmoins sa féminité. C’est ce qu’on appelle parfois le féminisme littéraire Belle Époque. La centre persistant des revues sur les tâches ménagères, la famille et la beauté visait à diversifier les perspectives de leurs lecteurs vers une notion plus discrète de l’identité féminine. Ces revues proposaient des perspectives différentes sans remettre en cause les valeurs défendues par nombre de leurs lecteurs. L’image des femmes présentée par ces revues est celle où les femmes non seulement respectaient les règles sociétales de prendre soin de leur famille. Mais défiaient également ces rôles traditionnels en faisant du sport et en explorant sérieusement le monde professionnel.

“… Femina and La Vie Heureuse performed “imaginative work” by offering an “airbrushed view of the present” that expanded what the “dear readers” might expect of themselves.”

Holmes, D. Having It All in the Belle Epoque: How French Women’s Magazines Invented the Modern Woman. Women’s Writing

Femina

Femina a été l’un des deux premiers revues photographiques destinés aux femmes publiés bimensuellement de 1901 à 1917. C’était sous-titré comme “La revue idéale de la femme et de la jeune fille”. Le revue s’adressait aux lectrices de la bourgeoisie. Ce revue présentait un mélange de reportages sur la mode, les arts et l’actualité, avec une couverture des loisirs comme le sport et des conseils de professionnels en matière de décoration d’intérieur. Il présentait le profil de femmes célèbres; auteurs, actrices, etc. et incluaient des publicités de détaillants et de fabricants de luxe couvrant environ cinq pages de chaque numéro. Les illustrations et les images étaient le principal attrait du revue. Contrairement à La Fronde, Femina n’a pas été réalisé dans l’intention d’être une presse féministe mais plutôt un revue féminin. La stratégie de son créateur, Pierre Lafitte, s’est inspirée d’une publication anglaise similaire.

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Couverture de 1908 montrant une femme jouant au tennis.

Femina publie sur 15 Jan. 1910: parle de chasse, mode, livres, femmes nobles, etc

Couverture de 1911 montrant une femme jouant au bowling.

La Vie Heureuse

La Vie Heureuse est un autre des deux premiers revues photographiques destinés aux lectrices. Publié mensuellement de 1902 à 1917, il était sous-titré “revue féminin universel illustré”. Ce revue a été initialement publié sous forme de contenu littéraire, aristocratique, élitiste et culturel destiné aux lectrices aristocratiques. Il a également été écrit en partie par des écrivaines féminines, comme la célèbre poétesse Anna de Noailles. Quelques numéros plus tard dans sa production, le revue adopte un ton plus léger, sur le modèle de son concurrent Femina. Le sous-titre disparaît du revue, la couverture devient moins formelle et présente alors à nouveau des reproductions photographiques de portraits de femmes en couverture. Le revue aborde également des sujets alors généralement réservés aux hommes; donc des sujets comme le sport féminin, les automobilistes, et la pêche.

3ème numéro de LVH première couverture avec un portrait. Parle de femmes de l’élite culturelle, d’actrices, de révolutionnaires, de chats, etc.:

Numéro LVH publié le 15 novembre 1904, page 12/36, représentant des images de femmes chassant.
Numéro LVH publié le 15 octobre 1904, page 7/37, montrant des images de femmes pêchant.

Numéro LVH publié le 15 février 1908. Parle des femmes de la haute société (princesse, noble), de la mode, des conditions de travail, des sports d’hiver, etc.:

Numéro LVH publié le 15 décembre 1910, p. 41/74, montrant des bijoux et des vêtements de femmes de cultures non européennes.

Numéro LVH publié le 15 février 1913. Parle de sports d’hiver, de poésie, de chaussures (sportives ou formelles), d’art, de théâtre, etc:

En 1906, La Vie Heureuse publie un supplément à la revue intitulé Le Conseil des femmes : journal de tous les emplois, carrières et professions qui permettent aux femmes de se perfectionner ou de gagner leur vie. En 1917, La Vie Heureuse est vendue aux producteurs de Femina et les deux revues fusionnent, puis le titre Femina est conservé.

En 1904, tous les rédacteurs de la revue décident de former un jury pour décerner Le Prix La Vie Heureuse à Myriam Harry en réaction au prix Goncourt; où Harry s’est vu refuser le prix Goncourt en raison du refus des membres du jury Goncourt de lui décerner alors qu’Harry était le favori pour le prix. Plus tard, Hachette (éditeur LVH) et Pierre Lafitte (éditeur Femina) ont collaboré pour que ce prix perdure. Il devient prix Femina-Vie Heureuse en 1918 puis prix Femina à partir de 1922.

Les Conclusions

La presse féminine de la Belle Époque a contribué à définir un nouveau modèle de féminité et à élargir le rôle des femmes dans la société. Le féminisme a été exploré à la fois dans un format “militant” extérieur, comme on le voit dans La Fronde. Femina et La Vie Heureuse ont introduit une perspective pragmatique mais progressiste dans la vie de femmes qui ne se sont peut-être jamais considérées comme politiques. Les femmes qui se détournaient de l’idéal féministe exploré dans La Fronde auraient probablement pu trouver une communauté plus attrayante créée par ces publications.

Ces revues ont changé la façon dont leurs lecteurs se percevaient. Ils ont créé un espace permettant à ces femmes d’établir une identité en dehors du foyer et ont contribué à donner une plateforme aux femmes qui ont choisi de faire connaître leurs contributions intellectuelles et professionnelles. Les femmes étant décrites comme des personnes compétentes dans ces revues, le féminisme exploré à travers ces représentations a contribué à normaliser les femmes dans les publications grand public, renforçant ainsi l’idée selon laquelle les femmes sont intellectuellement égales aux hommes. À leur tour, on pense que les nouvelles perspectives apportées par cette forme de presse ont contribué à jeter les bases des droits et de l’inclusion des femmes – comme les femmes à l’Académie française ou le droit de vote.

Les Ouvrages Cités:

Les Femmes Modernes à la Belle Époque : Les Médias

  • Je regarde la Belle Époque et la presse féminine de l’époque. Mon objectif est d’explorer l’idéal des “femmes modernes” présenté aux femmes par la nouvelle popularité et la croissance des médias féminins au cours de cette période.
  • J’espère définir les “femmes modernes” et explorer pourquoi cet idéal a été plus largement accepté que les “femmes du Nouveau Monde” ou les suffragettes.
  • Comment ces médias représentent-ils les femmes? Comment font-ils leur marketing auprès des femmes? Quelles sont les implications des femmes représentées ou des femmes qui lisent ce média?

Belle Époque et Les Médias

  • La “Belle Époque” est une période de la fin du 19th siècle, principalement entre la fin de la guerre franco-prussienne en 1871 et le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914.
  • Elle se caractérise par la prospérité économique, d’importants progrès culturels et artistiques, l’innovation technologique et aussi un sentiment de paix relative à travers le continent européen.
  • La Belle Époque a été une époque de grands changements et d’expansion pour les publications quotidiennes d’information et la publicité. Il y a eu un grand épanouissement artistique et littéraire, notamment avec la montée de l’impressionnisme et de l’art moderne.
  • Cette période voit l’essor des magazines féminins promouvant un nouveau modèle de féminité et d’indépendance. Beaucoup de ces magazines ont contribué à créer un nouveau modèle de féminité à la fois indépendant et moderne, tout en conservant des aspects de la féminité.
  • Ces nouveaux médias présentaient la “femme moderne” comme une personne capable de forger sa propre vie indépendante tout en conservant les aspects traditionnels de la féminité. Ces magazines visaient plutôt à exposer les Françaises à la littérature et à leur inculquer une certaine capacité d’action personnelle.

La Fronde

La Fronde fut le premier journal français entièrement dirigé par des femmes.

La Femina

La Femina a été l’un des deux premiers magazines photographiques destinés aux femmes publiés de 1901 à 1914. C’était sous-titré comme “La revue idéale de la femme et de la jeune fille”. Le magazine s’adressait aux lectrices de la bourgeoisie.

Couverture du premier numéro de Femina du 1er janvier 1901, magazine français publié à Paris
2ème page d’un numéro publié le 15 avril 1912.

La Vie Heureuse

La Vie Heureuse est l’autre des deux premiers magazines photographiques destinés aux femmes, publiés de 1902 à 1914.

Fantine D’Avignon: Les Femmes en Bel-Ami

Mes très chers lecteurs,

   C’est un autre jour ici à Paris. Comme vous et moi connaissons très bien le comportement des revues parisiennes, nous savons qu’à chaque nouveau jour, vient une nouvelle édition de nombreuses revues remplies de chroniqueurs qui semblent tous sentir qu’ils doivent partager leurs réflexions sur les nouveautés littéraires, les derniers événements, le travail de leurs pairs, etc. En règle générale, j’évite de participer à cette saison de potins inutile et frénétique et choisis plutôt de m’insérer lorsque cela est nécessaire pour partager une perspective qui n’est pas représentée dans cette vague de chroniqueurs inflexibles et vexants.

Mes très chers lecteurs, aujourd’hui est l’un de ces jours. Je m’insère dans une conversation qui manque, non pas de contenu ou de quantité, mais plutôt de perspective et de valeurs. Guy de Maupassant a sorti son roman Bel-Ami et, comme prévu, il a reçu beaucoup d’attention dans la presse.

Le roman, comme je suppose que vous l’avez tous lu ou lu, est très controversé. Je suis quelque peu d’accord avec beaucoup de mes collègues chroniqueurs dans leur critique générale selon laquelle le roman est pessimiste et peut-être même irréaliste. Mes collègues chroniqueurs contestent la représentation de la presse et ses intentions, ses objectifs. Oui, je pense que ce roman n’est pas l’interprétation la plus réaliste de la presse et je le trouve pessimiste. Cependant, je souhaite évoquer une pensée qui n’a été que légèrement discutée par mes pairs. Certains suggèrent que Maupassant écrit à partir de ses expériences et de son point de vue. Je tiens à souligner que cela pourrait être tout à fait vrai. Maupassant écrit selon sa perspective, celle d’un homme riche et puissant, qui n’a pas eu à gravir les échelons sociaux ni à lutter dans la société parisienne. Ainsi, un roman mettant en scène le point de vue d’un individu très privilégié sera naturellement irréaliste. Sa perspective est tout simplement irréaliste, surtout en ce qui concerne l’homme et la femme parisiens de tous les jours.

Ceci mis à part, je suis plutôt en désaccord avec un élément important du roman : la façon dont DuRoy a gravi les échelons du journalisme. Le seul moyen pour DuRoy de se déplacer dans la sphère journalistique passe par les femmes. La représentation et l’utilisation des femmes par Maupassant sont néfastes et sexistes. Dans ce roman, les femmes ne sont pas des personnes, elles sont utilisées comme de simples objets à utiliser ou à utiliser pour gravir les échelons sociaux et accéder au pouvoir. Le double standard que Maupassant présente pour les femmes et son personnage DuRoy est stupéfiant. Tout ce que DuRoy représente est hypocrite.

Bon nombre des critiques de mes collègues ne parlent pas des femmes. Ils choisissent plutôt de se concentrer sur la représentation générale du journalisme. La seule exception concerne Mirbeau dans La Presse et Bel-Ami, dans le journal La France. Il commence sa critique en disant“Le sujet de Bel-Ami est fort simple. C’est l’histoire d’un gredin qui vit des femmes. Or, il arrive ce gredin qui vit des femmes est en meme temps un journaliste.” Cependant, cela s’arrête là aussi. Il ne développe pas sa déclaration très vraie. Il avance très vite.

La réponse de Maupassant n’aide pas son cas. Sa réponse prouve plutôt sa vision d’une élite riche dans notre société.  Dans sa réponse, il continue de parler des femmes comme de tremplins et non comme des personnes. Il hésite à admettre l’intelligence des femmes et il est très peu mentionné dans cette histoire comment les actions de DuRoy affectent les femmes. Cependant, son roman dresse un tableau néfaste – si une femme est intelligente, alors elle a de mauvaises intentions et se jettera sur les hommes. 

Toute femme sait que ce n’est pas le cas. Il est évident que notre intelligence, en tant que femmes, n’est pas appréciée. Il est évident que nous, en tant que femmes, ne sommes ni appréciées ni considérées comme des personnes dans notre société. Nous sommes bien plus que nos maris, nos enfants, notre statut et nos familles. Bel-Ami ne raconte pas une histoire précise des Parisiennes. Il dépeint plutôt l’histoire d’un scélérat hypocrite, sans morale ni valeurs, sans empathie ni remords. Il raconte l’histoire de quelqu’un qui voit le monde à travers ces yeux. Si seulement un homme ayant les moyens et le statut de Maupassant était assez intelligent pour le reconnaître.

Fantine D’Avignon: Évolution à Paris

Mes chers lecteurs,


C’est un nouveau jour à Paris. Au moment où vous lirez mes mots, une autre journée aura commencé depuis que je vous ai écrit à tous, mes chers lecteurs. À chaque nouvelle aube qui émerge à Paris, elle est accueillie favorablement par les citoyens de la ville. Chaque nouveau jour s’accompagne d’une genèse de changement et d’évolution visible sur nos propres boulevards parisiens, tant à travers l’homme ordinaire que les plus grands esprits parisiens.
Cependant, les possibilités de changement sont enivrantes. Les Parisiens sont d’abord victimes du jeu d’échecs revigorant des ragots qui proviennent non seulement de l’inconnu, mais aussi, intensément, de ce qui est connu. Le changement par rapport à notre normalité nous engloutit. Positif ou négatif, peu importe sa taille, il nous oblige à changer avec lui.
Mes pensées commencent ici. Je trouve que le mot changement est plutôt chargé négativement au sein de notre société. Je crois que l’évolution résume de manière plus factuelle ce qui se passe réellement que le mot changement. À première vue, le changement n’est pas simplement accepté, mais adopté. Pourtant, le changement se heurte souvent à d’incroyables résistances. Ceux qui vantent et revendiquent le changement sont souvent ceux qui s’y opposent le plus.
On peut soutenir que ce qui se passe à Paris, et bien sûr dans le monde entier, n’est pas un changement. C’est une évolution. Le changement est l’acte de devenir différent, tandis que l’évolution est un processus graduel d’accumulation de changement. Paris ne change pas du jour au lendemain. Paris ressemble un peu à une tasse. Vous pouvez continuer à remplir la tasse de thé à ras bord. Chaque goutte s’accumule, créant un ménisque attendant de déborder. Un ménisque qui, lorsqu’il est déversé, représente l’accumulation du changement; notre évolution.
Paris évolue depuis des siècles, ce que Millaud dans son débat “Le Figaro” avec Giffard semble oublier. Ce qui offense, ce qu’il juge dommageable, c’est simplement l’évolution non seulement de la littérature, mais de Paris. Le journalisme n’a pas tué et ne tuera pas la littérature, comme il le prétend. Le livre est toujours bien vivant.
Oui, le kiosque a triomphé, mais la librairie est loin d’être tombée. Giffard a raison lorsqu’il dit que le journalisme est en train de changer et non de mourir. Le journalisme et la littérature ne s’excluent pas mutuellement. Au contraire, ils sont partenaires de l’évolution de la société parisienne; une société qui s’adresse désormais davantage à la famille de tous les jours, une société où l’information est plus accessible à tout Paris, et pas seulement aux élites.

Le problème de Millaud avec le reportage est intéressant. Sa position ferme contre le partage d’informations factuelles sur les événements et les événements de Paris avec le public est révélatrice. Il exprime une étrange inquiétude face au manque d’originalité et d’individualité de cette section. C’est sans doute cet aspect qui fait du reportage un élément si important de notre journalisme contemporain. Son affirmation selon laquelle n’importe qui pourrait écrire pour le reportage est fausse. C’est sans doute plus difficile que d’écrire une chronique en tant que journaliste; il faut bien plus que de la confiance en soi pour le faire correctement. Être capable de se retirer de la narration est une compétence importante; un, que j’ai moi-même du mal à faire. Écrire un article sans parti pris ni opinion permet aux Parisiens de décider par eux-mêmes, de penser par eux-mêmes. Les Parisiens ont toujours été à l’avant-garde de notre propre évolution. À mesure que notre société continue de croître, nous nous adaptons avec elle.
Je terminerai ma réflexion sur quelque chose que dit Millaud et que je souhaite partager avec vous tous. Il écrit que la presse n’appartient pas aux plus instruits ou aux plus spirituels, mais plutôt aux mieux informés ou aux plus audacieux. Il a raison quand il dit cela. Le journalisme et la presse n’appartiennent pas à ceux qui disposent de grands privilèges et de grands moyens. Cela appartient à ceux qui s’en soucient. Il appartient à ceux qui osent être à l’avant-garde de notre évolution parisienne.

Le Constitutionnel – Mai 9, 1886

Trouvé dans un journal intitulé “Le Constitutionnel” publié le 9 mai 1886. La mention du débat se trouve à la page 2 dans une rubrique intitulée “Journaux et Revues”. La rubrique semble résumer les travaux d’autres revues. La mention du débat Millaud et Giffard ici est un bref résumé en 2 paragraphes du débat.

Ma chroniqueuse vise à provoquer la réflexion et la conversation d’une autre perspective (une femme sur un pseudonyme), pas nécessairement de manière offensive. Mais peut-être dans une manière passive et plus subjective d’objectif. Elle va s’adresser à la presse généralement, les auteurs dans le débat, et peut-être les perspectives des femmes sur les journaux et qui lit les journaux.

Guy de Maupassant et “Bel-Ami”

Guy de Maupassant

  • Née 5 août 1850 à Dieppe – mort 6 juillet 1893 à Paris
  • écrivain naturaliste de nouvelles et de romans
  • Issu d’une famille aristocratique
  • Il a étudié le droit à Paris
  • Ses études ont été interrompues par la guerre franco-allemande où il a servi comme simple soldat, puis dans le corps des quartiers-maîtres.
  • Après la guerre, il a fini ses études de droit.
  • Son père l’a aidé à obtenir plusieurs emplois administratifs et sa mère lui a offert un apprentissage avec son ami, Gustave Flaubert.
    • ultra “nepo baby”
    • Flaubert a encadré Maupassant et l’a présenté à des auteurs comme Émile Zola et Ivan Tourgueniev.
  • En avril 1880, il a publié “Boule de Suif ” = très populaire
  • Il passe les deux années suivantes à rédiger des articles pour Le Gaulois et le Gil Blas.
    • Il a été très productif pendant les 10 années suivantes; de 1880 à 1890
    • Il a publié environ 300 nouvelles, six romans, trois livres de voyage et son unique volume de vers.
  • Il est mort en une maison de retraite à l’âge de 42 ans des suites d’une syphilis non traitée.
Guy de Maupassant: photographe par Nadar (Gaspard-Félix Tournachon), 1885. Britannica

À propos de Bel-Ami

  • Bel-Ami a été publié en 1885 comme 2ᵉ roman de Maupassant
  • Bel-Ami a été publié en feuilleton dans le journal Gil-Blas à partir du 6 avril 1885.
  • Il a été inspiré par de regard de Maupassant sur les hommes d’affaires et les journalistes à Paris.
  • Satire d’une société qui s’enrichit rapidement
Bel-Ami, édition de 1885, publié par Victor-Havard. Gallica BnF

Paris à “Bel-Ami”

“Bel-Ami” dépeint le Paris du XIXe siècle à travers la perspective de Georges Duroy, permettant au lecteur de découvrir le monde bourgeois des journalistes parisiens. La réalité sociale s’illustre à travers les aspects les plus sombres et insoupçonnés de la tentative d’ascension sociale.

Duroy, surpris, le regardait. Il était bien changé, bien mûri. Il avait maintenant une allure, une tenue, un costume d’homme posé, sûr de lui, et un ventre d’homme qui dîne bien. Autrefois il était maigre, mince et souple, étourdi, casseur d’assiettes, tapageur et toujours en train. En trois ans Paris en avait fait quelqu’un de tout autre, de gros et de sérieux, avec quelques cheveux blancs sur les tempes, bien qu’il n’eût pas plus de vingt sept ans.

Bel-Ami, pg 50

Je crève de faim, tout simplement. Une fois mon temps fini, j’ai voulu venir ici pour… pour faire fortune ou plutôt pour vivre à Paris ; et voilà six mois que je suis employé aux bureaux du chemin de fer du Nord, à quinze cents francs par an, rien de plus.

Bel-Ami, pg 50

Les expériences de Maupassant à Paris ont influencé son œuvre littéraire. C’est à Paris que Maupassant travaille avec Flaubert et travaille administrativement.

À Paris, c’était autre chose. On ne pouvait pas marauder gentiment, sabre au côté et revolver au poing, loin de la justice civile, en liberté. Il se sentait au cœur tous les instincts de sous-off lâché en pays conquis. Certes il les regrettait, ses deux années de désert. Quel dommage de n’être pas resté là-bas! Mais voilà, il avait espéré mieux en revenant. Et maintenant !… Ah ! oui, c’était du propre, maintenant !

Bel-Ami, pg 48

Q: Comment la ville de Paris est-elle représentée dans ces deux chapitres? Quelle est l’attitude de Georges Duroy envers la ville de Paris? Quelles comparaisons fait-il? À quoi pense-t-il?

Journalisme à “Bel-Ami”

Dans nos deux premiers chapitres, Duroy commence à entrer dans le monde du journalisme à Paris. À travers Duroy, la relation entre le journalisme, la politique et la société est exploré. Duroy va entrer dans le monde bourgeois des journalistes du journal La Vie Française. Historiquement, la toile de fond du livre est la colonisation française de l’Afrique du Nord. Nous assistons au début d’une exploration des liens entre la politique, la finance et les médias.

Forestier reparut tenant par le bras un grand garçon maigre, de trente à quarante ans, en habit noir et en cravate blanche, très brun, la moustache roulée en pointes aiguës, et qui avait l’air insolent et content de lui. …….. C’est Jacques Rival, tu sais, le fameux chroniqueur, le duelliste. Il vient de corriger ses épreuves. Garin, Montel et lui sont les trois premiers chroniqueurs d’esprit et d’actualité que nous ayons à Paris. Il gagne ici trente mille francs par an pour deux articles par semaine.

Bel-Ami, pg 53

Son compagnon se taisait, semblait réfléchir, puis tout à coup : – Pourquoi n’essaierais-tu pas du journalisme?
L’autre, surpris, le regarda; puis il dit: – Mais… c’est que… je n’ai jamais rien écrit.
– Bah ! on essaie, on commence. Moi, je pourrais t’employer à aller me chercher des renseignements, à faire des démarches et des visites. Tu aurais, au début, deux cent cinquante francs et tes voitures payées.

Bel-Ami, pg 53 – 54

Q: Comment est présentée la vie des journalistes ? Comment le journalisme est-il illustré par les journalistes et les propriétaires de journaux ? Quel message Maupassant tente-t-il de faire passer avec ces représentations ?

Femmes à “Bel-Ami”

La brune lui dit : – As-tu retrouvé ta langue?
Il balbutia: « Parbleu », sans parvenir à prononcer autre chose que cette parole. Ils restaient debout tous les trois, arrêtés, arrêtant le mouvement du promenoir, formant un remous autour d’eux.
Alors, tout à coup, elle demanda : – Viens-tu chez moi ?
Et lui, frémissant de convoitise, répondit brutalement: – Oui, mais je n’ai qu’un louis dans ma poche.
Elle sourit avec indifférence: – Ça ne fait rien.
Et elle prit son bras en signe de possession.

Bel-Ami, pg 60

Duroy, s’asseyant aussitôt, prit sur son genou Laurine, puis effleura des lèvres les cheveux ondés et fins de l’enfant. La mère s’étonna: – Tiens, elle ne s’est pas sauvée; c’est stupéfiant. Elle ne se laisse d’ordinaire embrasser que par les femmes. Vous êtes irrésistible, monsieur Duroy.
Il rougit, sans répondre, et d’un mouvement léger il balançait la petite fille sur sa jambe. Mme Forestier s’approcha, et, poussant un cri d’étonnement: – Tiens, voilà Laurine apprivoisée, quel
miracle!

Bel-Ami, pg 73 – 74

Duroy interagit avec plusieurs femmes au début de ce roman dans plusieurs environnements. Les interactions présentées dans ces chapitres indiquent que peut-être les femmes de ce roman joueront un rôle assez important dans le voyage de Duroy.

Q: Comment les femmes sont-elles représentées dans ces 2 chapitres ? Quelles femmes Duroy rencontre-t-il et quelle est son attitude à leur égard? Y a-t-il un lien entre les différentes femmes et la nouvelle arrivée de Duroy dans la société parisienne?

Les Citations:

Fantine D’Avignon – Les Rues des Femmes à Paris

D’un point de vue extérieur, on dit que Paris est la ville lumière ou la ville de l’amour. Ces sobriquets que nous donnent de simples visiteurs et parvenus de notre parenté commune ne révèlent que ce que Paris révèle à un niveau superficiel. Paris, pour ceux qui ne connaissent pas le véritable air de la ville, n’est que superficiel. Les perceptions superflues et les vues idéalistes romantisent Paris – et Paris est ainsi façonné pour représenter dans l’esprit de l’étranger sa propre fiction. Cependant, ces erreurs superposent le vrai Paris – notre Paris – un Paris connu uniquement de Paris et de Paris seulement.

Notre ville ne dort jamais vraiment, comme la plupart des villes. La journée commence ici avant même de vraiment commencer. Aux yeux de l’extérieur, la vie parisienne est liée par une monotonie romancée. Pourtant, les rues de Paris racontent une histoire bien plus profonde que ce que l’on croit. Pour beaucoup, les Parisiens ne sont que des éléments du paysage parisien, en particulier les femmes ; ces perspectives extérieures se répercutent sur le pouvoir et les autorités parisiennes. Les femmes jouent un rôle malheureusement involontaire dans la société parisienne. Contraints d’être des serviteurs familiaux et des citoyens de 2e classe, mais nés pour bien plus. Notre rôle imposé dans la société parisienne a notre existence par rapport aux hommes ; nous ne sommes rien sans les hommes. Pourtant, les femmes sont bien plus que de simples éléments du paysage parisien. En réalité, nous sommes l’épine dorsale de notre société. Nous sommes les seules à expliquer pourquoi le paysage parisien est si romancé, car il n’y aurait rien de romancé sans les femmes. Les femmes font le foyer, élèvent et soutiennent les familles, donc les femmes font l’homme.

Même si beaucoup ne reconnaissent pas notre rôle vital dans la société, je le constate et je l’applaudis. Je le recommande. Les rues de Paris illustrent le rôle et le pouvoir des femmes. Il faut dépasser les représentations superficielles de Paris et se pencher sur la réalité profonde de la société parisienne.

Le rôle crucial des femmes dans la société commence, avant même le début de la journée. Aux fenêtres des appartements et des maisons donnant sur la rue, aux petites heures du matin, nous voyons une mère bercer son jeune bébé à la simple lueur des bougies, le petit-déjeuner du matin en train d’être préparé sur la table à côté d’elle et une pile de vêtements à réparer derrière elle. Les enfants apparaissent un à un alors qu’elle continue de travailler aux côtés du soleil levant. Elle fait des tournées pendant qu’elle prépare le petit-déjeuner et aide ses enfants à préparer la journée. Elle salue son mari et lui tend sa première nourriture pour la journée, tout en s’arrêtant brièvement pour raccommoder son pantalon. Alors que son mari part, elle se rend à son prochain travail de la journée, accomplissant les tâches ménagères et divertissant ses enfants.

Dans la rue, nous voyons nombre de nos Parisiennes cumuler plusieurs rôles. De femme au foyer à mère en passant par vendeuse, nous devons porter plusieurs casquettes pour soutenir nos familles, et donc la société. Au coin, on aperçoit les poissonniers qui vendent les prises de leurs maris fraîchement sorties du bateau ce matin même. Au coin voisin, des femmes crient pour vendre leurs légumes et leurs œufs, leurs plus jeunes enfants courant à leurs côtés. Je les regarde travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles. Je les regarde vendre à d’autres femmes, subvenant ainsi aux besoins de leur famille. La nécessité engendre le changement et l’innovation. Ce changement, qui n’a pas encore été reconnu par mes pairs masculins, illustre l’importance même des femmes. Car ce ne sont pas les hommes qui étaient censés assumer davantage de responsabilités, mais plutôt les femmes qui vont de maison en rue, en maison, accomplissant un équilibre entre le foyer et le travail dans la rue. Seules les femmes peuvent répondre à ces attentes, car c’est pourquoi nous devons les réaliser, pas les hommes.

Les femmes, dans tout leur pouvoir, doivent accomplir des tâches ménagères complètes tout en gagnant un revenu. Et celles-ci sont censées avoir le dîner sur la table au moment où leurs maris rentrent à la maison. Notre rôle, bien qu’involontaire, nous donne du pouvoir ; un pouvoir qu’aucun homme n’a, un pouvoir qu’aucun homme n’a réalisé qu’ils nous ont donné. Nous faisons tout. Les rues illustrent à quel point nous sommes puissants et comment, sans nous, la société parisienne s’effondrerait. Sans nous, il n’y aurait pas de Paris.

Fantine D’Avignon

picture of a young women from Bnf Gallica
Photographe de Fantine D’Avignon

Bonjour mes chers lecteurs, je suis Fantine D’Avignon, simple pseudonyme d’un nom qui restera inconnu. Cette façade que je vous présente n’est qu’un regard d’aigle, peut-être un regard omniscient et initié, sur les affaires sociales. En tant que femme, ma place est prédéterminée dans notre société ; ma voix, étouffée par les restrictions suivies et imposées au sein de notre société. Ainsi, vous n’aurez que le plaisir de connaître Fantine D’Avignon, et non la voix qui se cache derrière elle. Car elle doit dûment jouer le rôle qui lui est assigné dans cette société pour y rester.

J’espère que ma voix résonnera avec certains d’entre vous ; que mon humour, mon esprit et mon caractère un peu audacieux vous plaisent, mon cher lecteur, d’une manière ou d’une autre. Mes très chers lecteurs, je ne peux pas choisir lequel d’entre vous choisira de se livrer à mon astuce et à mon acuité. Je reconnais que peut-être pour certains d’entre vous, la voix d’une femme peut être malvenue et peu recommandable. Pour ceux qui choisissent d’accueillir et d’embrasser ma voix, j’ai hâte de discuter avec vous à travers ma divulgation écrite. J’espère qu’au moins mes écrits pourront trouver un écho auprès de mes concitoyens. En tant que camarades de ce monde, nous devons trouver les moyens de faire entendre la voix de chacun.

Plus à venir,

F. D’Avignon