Mes amies,
Depuis plusieurs jours, je ne pouvais pas éviter les discussions sur le nouveau roman de Guy de Maupassant, Bel-Ami. Dans les restaurants, dans les magasins, dans la rue — les Parisiens ne peuvent s’arrêter de parler de ce livre. Jusqu’à récemment, je n’avais pas lu le livre, parce que je ne suis pas un lecteur passionné des romans. En général, j’observe une règle: si la littérature comprend plus d’une page, je refuse de la lire. J’adore les chroniques et les feuilletons romains. Mais un roman entier, imprimé dans son intégralité? Non, merci! Cependant, après les nombreuses querelles de mes collègues, je l’ai finalement accepté et lu.
Je ne peux pas mentir, j’avais des difficultés à finir ce roman. C’était ennuyeux! Maupassant utilise les mêmes tropes que nous avons trouvé dans le classique de Honoré de Balzac, Illusions Perdues. Un jeune journaliste qui entre dans le journal, des personnages qui avident de pouvoir, un monde dominé par les hommes. Essayez quelque chose de nouveau! Nous avons déjà entendu cette histoire. Mais je dois admettre que ce genre d’histoire ne m’est pas étranger, parce que j’ai rencontré tellement d’hommes dans cette industrie, et ils sont les plus vils et manipulateurs que j’ai jamais rencontrés. Honnêtement, la grande majorité veut juste de l’argent, de pouvoir, et de femmes. C’est pourquoi je ne leur ferai jamais confiance. Si vous voulez perdre confiance en les hommes, entrez dans une salle de rédaction.
Je trouve donc amusant que Maupassant s’attende mieux de la part des journalistes. Qu’est-ce qu’il pensait pouvoir accomplir avec ce livre? Pensait-il que les journalistes s’asseyaient, lisaient le roman du début à la fin et décidaient soudainement: Hmm, peut-être que je ne devrais plus agir comme ça? Ou voulait-il que les lecteurs de journaux boycottent le journal, après avoir réalisé que les hommes derrière lui sont des dégénérés? Maupassant est indéniablement naïf. Ce livre ne changera pas assez les esprits des Parisiens pour transformer l’industrie du journal manipulatrice et exploiteuse.
Je suis d’accord avec mon collègue dans Le XIXe siècle sur quelques points dans son article, Question du jour. D’abord, ce serait ennuyeux si Bel-Ami était un bon homme. C’est insipide de lire sur un personnage qui suit toujours les règles et ne fait jamais rien de mal! Je suis aussi d’accord que Maupassant est un pessimiste qui ne voit pas de bien dans la société. Mon collègue écrit : «il semble avoir pris en haine la sottise, la platitude, la bassesse humaines, et cette haine l’absorbe au point de ne lui laisser voir que ce qui est soit, plat et bas.» Vous voyez, dans cette industrie, j’ai aussi rencontré des gens très créatifs, intelligents et travailleurs. Mais si on ne cherche que le mal, on ne verra jamais le bien.
L’opinion de Maupassant sur la presse ne me surprend pas. C’est un homme mechant, arrogant, connu pour ne jamais cesser de se plaindre. Je connais des collègues qui refusent de passer plus de cinq minutes à parler avec lui en raison de sa nature extrêmement irritante. Pour cette raison, je n’ai pas l’intention de parler à M. Maupassant en face à face. Mais monsieur, si vous lisez ceci, voici mon conseil. Ayez un peu de conviction en l’humanité! Nous ne sommes pas tous si terribles, et si vous arrêtiez d’être aussi grincheux et prétentieux, peut-être que vous le verriez.
À la prochaine,
La Marquise de Mimizan