Visualisation de la Folie et de la Marginalisation des Femmes dans les Médias Français de la Fin du Siècle

Le Traitement des Femmes Désobéissantes et Malades Mentales

Les hystériques : état physique et mental, actes insolites, délictueux et criminels / par le Dr Legrand Du Saulle (1830-86), https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30778781q

Le développement de la folie féminine est lié au rôle des femmes dans la révolution française et la commune. Pendant l’instabilité de la Révolution française, les femmes sont devenues plus visibles dans les sphères politiques et sociales, créant des clubs de femmes et participant activement à la révolution. La pétroleuse est une descendante de ces figures révolutionnaires, devenant une allégorie des femmes désobéissantes et dangereuses pendant la Commune (1871). Les hystériques, de Legrand Du Saulle, est une chronique de la Commune, où les ambulancières ont été contaminées par la folie de la révolte et sont devenues des incendiaires. Après des décennies d’instabilité politique, la bourgeoisie, le gouvernement conservateur et les monarchistes s’opposent à la poursuite de la révolution. La Commune est une menace pour l’ordre social. Afin de contrôler ces femmes hystériques, le code Napoléon de 1804 consolide la position d’infériorité des femmes dans la société, en donnant aux hommes l’autorité légale sur leurs femmes et leurs enfants, faisant d’eux des mineurs légaux. Les femmes célibataires vivaient en dehors des lois réelles et supposées de la société, défendues par les hommes, ce qui représentait une menace pour l’ordre social. Michel Foucault a publié son roman, Folie et Déraison : Histoire de la Folie à l’Âge Classique en 1961, en expliquant l’origine de l’idée de maladie mentale depuis le Moyen Âge. Il explique que le XVIIe siècle, l’âge de la raison, a été l’âge de l’enfermement des malades mentaux. La société chrétienne considérait que la moralité s’exprimait à travers le comportement et les capacités sociales d’une personne. Au 18e siècle, les asiles tentent de soigner les maladies mentales et, au 19e siècle, ils adoptent des politiques plus « humaines ».

La méthode Bertillon inventée en 1879

Tableau synoptic des traits physionomiques: pour servir a l’étude du “portrait parlé,” Alphonse Bertillon, 1909, https://jstor.org/stable/community.18592441

La révolution scientifique (1500-1700), associée à l’alphabétisation croissante, a contribué à rendre la pensée scientifique accessible au public. Au 19e siècle, le discours scientifique est représenté sous forme imprimée, accessible à tous, d’autant plus que la majorité est alphabétisée. D’un point de vue moderne, les pratiques médicales et psychiatriques décrites dans les livres et les nouvelles du 19e siècle sont de la pseudoscience. Pour l’individu du XIXe siècle, il s’agissait d’une pratique scientifique à laquelle tout le monde pouvait participer. Le flanneur, un promeneur ou un observateur, a été inventé au XIXe siècle. Le personnage était lié à la discrimination sociale des malades mentaux ou des criminels.

En 1879, l’officier de police Alphonse Bertillon invente un mode d’identification des criminels récidivistes par des mesures du visage et du corps. La phrénologie, bien connue à Paris dans les années 1800. Les médecins français “found the face the “magic mirror of the soul,” the image of God…. (Dr.) Lavater thought maximum knowledge of indelible, excessive passions would come from studying inmated of prisons or asylums” (Staum, pg. 4). Les médecins se rendent en masse dans les hôpitaux pour étudier la forme de la tête et déterminer les différences crâniennes ou phrénologiques qui témoignent d’une dégénérescence. Ces mesures sont comparées les unes aux autres afin d’identifier le type de criminel ou de malade mental. Alphonse Bertillon a inventé la photo d’identité en 1888, créant ainsi des archives de preuves physiques et photographiques. Sa technique a été utilisée dans le monde entier avant l’utilisation des empreintes digitales en criminologie au début du siècle. Dans les grandes villes du monde, des galeries des malfaiteurs ont été créées avec des portraits de criminels, demandant aux visiteurs d’aider à attraper les coupables.

L’Album Criminaliste

Le Petit Journal, 21 juin 1891

l’Hôpital Salpêtrière

L’hôpital de la Salpêtrière a été fondé au XVIIe siècle à la suite de la création de l’hôpital général de Louis XIV. La salpêtrière est située dans le 13e arrondissement, au bord de la Seine, et est destinée à sortir les pauvres de la rue. 4 ans après son ouverture en 1656, la Salpêtrière accueillait 5300 patientes, dont 1500 en psychiatrie. Cet hôpital est devenu le lieu d’une pratique photographique particulière de représentation des aliénés. Bien qu’elles ne soient pas directement associées à la phrénologie, ces photographies obsédantes révèlent un intérêt pour la taxonomie des fous, de leur apparence à leur expérience physique lors des crises de folie (épilepsie).

Les Photos de la Salpêtrière

Iconographie photographique de la Salpêtrière (service de M. Charcot), 1878, Gauche: Début de l’Attaque Cri, Droit: Tétanisme, https://www.getty.edu/art/collection/object/104GBN
Hystero-Epilepsie: Hallucinations. Angoisse. Planche XXIX.Iconographie photographique de la Salpetriere : service de M. Charcot / par Bourneville et P. Regnard. Volume 1. https://www.jstor.org/stable/community.24791127
Iconographie photographique de la Salpêtrière (service de M. Charcot), 1878, Gauche: Attitudes Passionnelles Extase, Droit: Attitudes Passionnelles Hallucinations de l’Ouie, https://www.getty.edu/art/collection/object/104GBN

Jean-Martin Charcot, de la Salpêtrière, était l’un des principaux chercheurs sur l’épilepsie et un promoteur de l’épilepsie hystérique. L’idée que l’épilepsie est une maladie neurologique s’est développée dans la seconde moitié du 19e siècle. Précédemment, on croyait que l’épilepsie était causée par le surnaturel. Les femmes épileptiques, en particulier, étaient caractérisées comme hystériques et maniaques, ce qui a entraîné une certaine confusion quant à savoir si l’épilepsie était un trouble mental ou un trouble neurologique. Ainsi, les épileptiques faisaient l’objet d’une stigmatisation sociale sévère. Charcot a jugé nécessaire de traiter les épileptiques dans des hôpitaux afin de les « protéger/éloigner » dans un environnement contrôlé.

Le Satanisme à la Salpêtrière

Le Figaro, 24 Avril 1891

Exclusion vers les Périphéries; Ville Evrard

Le contrôle social des malades mentaux et des criminels est souligné par la création d’asiles de village comme celui d’Evrard, lieu d’internement de Camille Claudel entre 1914 et 15. Entre 1836 et 1856, les effectifs des malades ont augmenté de 50% avec la croissance de Paris. Depuis le psychologue Jean-Étienne-Dominique Esquirol, il y avait 8 asiles dedié aux aliénés en France en 1818, avec 5,153 patients en total. En 1899, ce nombre avait augmenté jusqu’au 64,000 en 1899. Avec la croissance de la population parisienne de la fin du siècle, dans les années 1890, la France comptait quatre asiles principaux : Ville Evrard, Villejuif, Sainte-Anne et Vaucluse. Les hôpitaux débordent de patients au moment de la guerre Franco-Prussienne et de la première guerre mondiale. Un manque de ressources et de connaissances sur les soins de santé mentale efficaces ont fait le taux de récidive à environ 20 %. En effet, les asiles étaient des prisons à vie.

Carte postale: Ville Evrard- établissement des alienés, 5 mars 1912, https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA93000149

L’asile Evrard a ouvert ses portes le 19 janvier 1868. Ils ont eu 716 patients la première année. Les admissions de patients sont devenues une préoccupation du Baron Haussman dans les années 1860, qui a rationalisé l’administration en faisant de l’internement un problème pour la police. Haussman a proposé une nouvelle procédure de traitement administratif: Le patient est d’abord examiné par la police avant d’être conduit à l’asile pour y être examiné par le phychiatrique. En fonction de la richesse de la famille, le médecin recommande un asile. Les hommes les plus malades sont envoyés au Bicentre, tandis que les femmes sont envoyées à la Salpêtrière, située à Paris. Des villes psychiatrique ont été proposés comme une mode different de la soins aux malades mentaux.

Carte de l’Asile de Ville Evrard à proximité de Paris.

Les asiles situés à la périphérie de Paris, l’Evrard et l’asile Vaucluse ont été construits dans l’idée d’être des communautés de bien-être. Disposant de beaucoup d’espace, ces hôpitaux ont adopté des plans en pavillon, maximisant la distance d’un patient à l’autre. La théorie des miasmes, selon laquelle les maladies se propagent par le biais d’odeurs et de vapeurs nauséabondes, n’a été réfutée que par Louis Pasteur dans les années 1860. Sa théorie des germes a été largement acceptée dans les années 1880. Malgré cela, les Français semblent préoccupés par la communicabilité de la folie, en particulier chez les femmes. L’augmentation de la distance entre les individus réduit leur capacité à participer à l’hystérie collective. Les notions de confinement des maladies corporelles et mentales concrétisent des pratiques eugénistes telles que l’isolement.

Vue panoramique d’Asile d’Alienes de Ville-Evrard, https://pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/IVR11_20039301353NUC

Les villes psychiatriques isolées comme Ville Evrard ont imaginé un espace où les individus étaient libres de se déplacer dans la ville en toute sécurité. Les chambres proposées sans cellule sont censées imiter un environnement familial. S’inspirant de Gheel, la ville libre des aliénés, le directeur d’Evrard, Marandon de Montyel, imagine une politique de portes ouvertes, où les patients sont libres d’aller et venir.

Gheel, dans le nord de la Belgique flamande, est le lieu du martyre de Dymphne, la patronne des fous. On dit qu’elle soigne les fous et leur fait reprendre leurs esprits. Après le XVe siècle, la ville de Gheel est devenue célèbre pour son approche unique des soins de santé mentale, inspirée par la légende de Sainte Dymphna. Les pèlerins en quête de guérison pour des maladies mentales se rendaient à Gheel, où les familles locales commençaient à les accueillir chez elles, les intégrant à la vie quotidienne – une pratique qui a évolué vers un modèle de soins psychiatriques désinstitutionnalisés. Cette tradition de compassion a traversé les siècles et se poursuit aujourd’hui, les établissements psychiatriques modernes soutenant le système de soins communautaires.

Bien que s’inspirant de Gheel, les hôpitaux comme Evrard sont des institutions fondamentalement différentes. Le Vaucluse et Evrard ont été construits comme des colonies agricoles, dans le but d’accroître les libertés des patients et le financement de l’asile. Selon Montyel, le travail et la responsabilité étaient nécessaires pour un traitement réussi, préparant les patients à la lutte pour la vie après leur libération (Jessie Hewitt, p. 390). Les travaux agricoles sont prescrits à tous les patients aptes, malgré l’idée bourgeoise selon laquelle les femmes doivent effectuer des travaux domestiques. Dans les hôpitaux ruraux, les rôles des hommes et des femmes étaient assouplis, à condition qu’ils respectent la toute-puissance du médecin. L’idée de Montyel consolide le contrôle du médecin, consacrant les hiérarchies sociales à l’hôpital. La politique de la porte ouverte est tout sauf une liberté.

La nature des hôpitaux périphériques est d’isoler les étrangers dans la campagne, de sorte qu’ils n’ont aucune relation avec le monde extérieur. L’essor de l’enfermement décrit par Foucault est une réaction aux bouleversements politiques de l’histoire française. Alors qu’auparavant ces individus étaient sous la responsabilité de la communauté, l’évolution des paradigmes entourant les pauvres et les malades a considéré la folie comme dangereuse et transmissible.

L’internent de Camille Claudel

La célèbre sculptrice française Camille Claudel est née à Fère-en-Tardenois en 1864. Dès son plus jeune âge, elle entretient des relations difficiles avec sa famille. Après avoir déménagé à Paris en 1882, Claudel fait la connaissance du sculpteur Auguste Rodin, dont elle devient l’assistante, la muse et le modèle en 1884. Cette histoire d’amour tumultueuse dure dix ans, avant que Claudel ne commence à chercher son indépendance artistique. Elle s’isole dans son appartement, s’efforçant de se démarquer de l’influence de Rodin. Après une série d’échecs, Claudel détruit son art et s’isole davantage. Son père meurt en 1913 et sa mère et son frère l’internent de force à l’asile de Ville Evrard jusqu’à l’éclatement de la guerre, où elle est transférée à l’asile de Montdevergues jusqu’à sa mort en 1943. Elle est enterrée dans une tombe commune. Ce n’est qu’après sa mort qu’elle obtient une reconnaissance artistique.

Le journal Paris du 20 décembre 1913 raconte comment Claudel a été enlevée de force de son domicile en raison de la tutelle de sa mère et de son frère. Malgré la colère de la presse, aucun effort n’a été fait pour la libérer.

Le Grand National du 2 juin 1914 demande que Claudel soit libéré de la tutelle de sa famille.

Conclusion

Les médias français du XIXe siècle ont joué un rôle essentiel en présentant les femmes comme hystériques et indisciplinées, renforçant ainsi les mécanismes de contrôle sociétal qui les privaient d’autonomie, comme en témoigne la diminution de leurs droits en vertu du Code Napoléon. Le cas de Camille Claudel, une femme talentueuse mais socialement non conforme, soumise à l’enfermement à vie, souligne comment les asiles sont devenus des outils permettant d’exercer un contrôle patriarcal sur les femmes jugées déviantes ou ingérables. La couverture médiatique, avec sa focalisation sensationnaliste sur les faits divers et le discours pseudo-médical, a étendu ce contrôle à la sphère publique, invitant la société à participer à la surveillance et à la marginalisation des femmes. La disponibilité de preuves photographiques de la criminalité ou de la folie a permis aux individus de se surveiller les uns les autres comme mode de contrôle systématique. En présentant les femmes comme dangereuses, émotionnellement instables et sujettes à l’hystérie, la presse a contribué à normaliser leur exclusion et leur incarcération, transformant des luttes personnelles en spectacles publics. Cette interaction entre la médicalisation, le sensationnalisme des médias et l’oppression juridique a consolidé un récit culturel qui a justifié et perpétué la privation systémique des droits des femmes.

Mes Sources:

Albou, Philippe. “Esquirol et La Démence .” HISTOIRE DES SCIENCES MEDICALES – TOME XLVI – N° 1 – 2012, 2012.

Foucault, Michel. Histoire de La Folie à l’âge Classique. 1977.

Hewitt, Jessie. Institutionalizing Gender. Cornell University Press, 2020.

“Iconographie Photographique de La Salpetriere (Service de M. Charcot) (The J. Paul Getty Museum Collection).” Getty: Resources for Visual Art and Cultural Heritage, https://www.getty.edu/art/collection/object/104GBN. Accessed 15 Dec. 2024.

“Les Hystériques : État Physique et Mental, Actes Insolites, Délictueux et Criminels / Par Le Dr Legrand Du Saulle,… | BnF Catalogue Général – Bibliothèque Nationale de France.” BnF Catalogue Général, https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30778781q. Accessed 15 Dec. 2024.

Prestwich, Patricia E. “Drinkers, Drunkards, and Degenerates: The Alcoholic Population of a Parisian Asylum, 1867-1914 Histoire Sociale / Social History.” Histoire Sociale / Social History, https://hssh.journals.yorku.ca/index.php/hssh/article/view/16576. Accessed 15 Dec. 2024.

Seine-Saint-Denis, Département. “Établissement Public de Santé de Ville-Evrard – Patrimoine – Atlas de l’architecture et Du Patrimoine.” Atlas de l’architecture et Du Patrimoine, https://patrimoine.seinesaintdenis.fr/etablissement-public-de-sante-de-Ville-Evrard. Accessed 15 Dec. 2024.

“Shibboleth Authentication Request.” Shibboleth Authentication Request, https://www-retronews-fr.libproxy.smith.edu/sante/long-format/2021/05/17/gheel-la-ville-libre-des-fous. Accessed 15 Dec. 2024.

Staum, Martin. “Physiognomy and Phrenology at the Paris Athénée.” Journal of the History of Ideas, vol. 56, no. 3, University of Pennsylvania Press, pp. 443–62, doi:10.2307/2710035. Accessed 15 Dec. 2024.

“The Geography of Institutional Psychiatric Care in France 1800–2000: Historical Analysis of the Spatial Diffusion of Specialised Facilities for Institutional Care of Mental Illness – PMC.” PMC Home, https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC7116974/. Accessed 15 Dec. 2024.

Folie en Images : Représentations Médiatiques de la Maladie Mentale et Marginalisation des Femmes dans la France du XIXe Siècle

Question de Recherche:

Comment la maladie mentale, en particulier chez les femmes, était-elle représentée dans les médias français du XIXe siècle, et comment la rhétorique émergente autour de la phrénologie, de la taxonomie et de l’intérêt populaire pour la folie a-t-elle été façonnée par le journalisme et la photographie, renforçant des pratiques d’exclusion et des idéologies eugénistes sous le couvert du soin et de la science ?

l’Hôpital Salpêtrière

  • Fondée au 17ème siècle
  • Situé sur la seine
  • Hospice, Infirmerie, asile, asile pénal
  • Années 1870 – 5300 patientes (femmes), 1500 psychiatriques

Les Photos de la Salpêtrière

Iconographie photographique de la Salpêtrière (service de M. Charcot), 1878, Gauche: Attitudes Passionnelles Extase, Droit: Attitudes Passionnelles Hallucinations de l’Ouie, https://www.getty.edu/art/collection/object/104GBN

Dans La Press

Le Satanisme à la Salpêtrière

Le Figaro, 24 Avril 1891

  • Intérêt du public pour la science
    • pratique de la pseudoscience, de la taxonomie et de la phrénologie à la maison
  • Le type criminel/psychiatrique identifié par la photographie

La méthode Bertillon inventée en 1879

Tableau synoptic des traits physionomiques: pour servir a l’étude du “portrait parlé,” Alphonse Bertillon, 1909, https://jstor.org/stable/community.18592441

L’Album Criminaliste

Le Petit Journal, 21 juin 1891

Exclusion vers les Périphéries; Ville Evrard

Carte postale: Ville Evrard- établissement des alienés, 5 mars 1912, https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA93000149
  • L’asile Evrard a ouvert ses portes le 19 janvier 1868
  • 716 patients la première année
Vue panoramique d’Asile d’Alienes de Ville-Evrard, https://pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/IVR11_20039301353NUC
  • Principes de la séparation
    • Situation directement à l’extérieur du centre de Paris
    • Architecture du pavillon
  • Camille Claudel internée entre 1913 et 1914

Octave Mirbeau et l’Affaire Dreyfus

Les Personnages Principaux

Octave Mirbeau

  • 16 février 1848 – 16 février 1917, né en Normandie
  • Romancier, journaliste
  • Expulsé de l’école à 15 ans
  • A participé à la guerre franco-prussienne de 1870-1
  • Publiait dans plusieurs journaux différents
  • Changement de ses opinions politiques – devient anarchiste
  • Dreyfusard

Alfred Dreyfus

  • 9 octobre 1859 – 12 juillet 1935, né en Alsace
  • Officier de l’artillerie française
  • Antisémitisme
  • accusé à tort, affaire Dreyfus (1894-1906)
  • Exonéré en 1906, réadmis dans l’armée en tant que major/chef

Émile Zola

  • 2 avril 1840 – 29 septembre 1902, né à Paris
  • Romancier et journaliste
  • Dreyfusard, publie «M. Scheurer-Kestner» dans Le Figaro le 25 novembre 1897
  • Publie «J’accuse» dans L’Aurore le 13 janvier 1898
  • Objectif : attirer l’attention par sa diffamation du gouvernement
  • Condamné pour diffamation en 1898, il s’enfuit en Angleterre

Ferdinand Walsin Esterhazy

  • Officier de l’armée française (1870-1898), le vrai espion pour l’Allemagne
  • Jugé non coupable en 1898, il prend sa retraite et se réfugie en Angleterre jusqu’à sa mort

Marie Georges Picquart

  • Officier militaire
  • Chef des renseignements de l’armée à partir de 1895, découvre l’innocence de Dreyfus
  • Ministre de la Guerre (1906-1909)

Georges Clemenceau

  • Médecin devenu journaliste puis Premier ministre de la France
  • L’Aurore, le journal de Clemenceau publie J’Accuse de Zola le 13 Janvier, 1898

Auguste Scheurer – Kestner

  • Sénateur français, dreyfusard
  • A fait pression pour que l’affaire Dreyfus soit réexaminée
  • “M. Scheurer-Kestner est là, avec sa vie de cristal. Placez donc en face de lui les autres, ceux qui l’accusent et l’insultent. Et jugez. Il faut choisir entre ceux-ci et celui-là. Trouvez donc la raison qui le ferait agir, en dehors de son besoin si noble de vérité et de justice. Abreuvé d’injures, l’âme déchirée, sentant trembler sous lui sa haute situation, prêt à tout sacrifier pour mener à bien son héroïque tâche, il se tait, il attend. Et cela est d’une extraordinaire grandeur,” (Zola,  M. Scheurer-Kestner, le 25 novembre 1897).

Chez l’Illustre Ecrivain

Les Critiques de la Presse:

  • Quelle est l’opinion de Mirbeau sur le journalisme dans ce passage ?
p. 1 col. 1
  • Le concierge, le potin

l’Illustre Écrivain contre le Poète

  • Comment le poète, l’illustre écrivain , et les invités sont-ils caractérisés ?
p. 1 col. 2
  • Dialogue socratique entre le poète sage et les invités stupides

Les Impressions du Poète comme défense de Dreyfus

  • Comment Mirbeau convainc ses personnages et ses lecteurs de l’innocence de Dreyfus ?
  • Quel est l’argument le plus convaincant, selon vous ?
p. 2 col. 2
p. 2 col. 1

La Contradiction entre la Justice et la Politique

  • Pourquoi est-ce que l’innocence de Dreyfus serait « la fin de tout », selon l’Illustre Écrivain ?
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p. 3

Pour la Défense de Bel-Ami

9 Juin, 1885

Inès Moreau 

Peu d’œuvres ont autant attaqué notre profession que Bel-Ami de Guy de Maupassant. Le portrait de Georges Duroy, journaliste ambitieux mais sans principes, est aussi percutant que vrai, et pourtant les critiques abondent, choqués par ce qu’ils appellent son pessimisme « répugnant ». « Il a beaucoup de talent, M. de Maupassant », écrit un critique, »mais son Bel-Ami est bien répugnant, et, dut-on me trouver bien arriere, j’aimerais mieux lui voir choisir des sujets plus propres. » (Quisait, Le Gaulois, 2 juin 1885, p. 1) Et par ces mots, notre profession recule devant son propre reflet, se protège les yeux de la lumière crue que Maupassant a jetée sur nous.

Mais pourquoi cette indignation ? Maupassant lui-même a dit de son protagoniste : « Il ne sait rien, il est simplement affamé d’argent et privé de conscience ». Duroy, écrit-il, est une « graine de gredin », une graine de vice qui ne pousse que dans le sol du journalisme (Maupassant, 7 Juin 1885). Une image qui dérange peut-être, mais combien d’entre nous peuvent dire qu’ils n’ont pas, à un moment ou à un autre, senti cette « graine de gredin » en eux ? Nous devons affronter la vérité inquiétante que Bel-Ami met à nu : la profession que nous prétendons vénérer est, dans la pratique, souvent loin d’être noble. Prenons, par exemple, la description que fait Maupassant du journaliste qui, au lieu de s’engager véritablement avec ses sujets, inventait leurs opinions pour satisfaire l’agenda du journal. « Alors vous croyez comme ça que je vais aller demander à ce Chinois et à cet Indien ce qu’ils pensent de l’Angleterre ? » se moque-t-il. « J’en ai déjà interviewé cinq cents de ces Chinois, Persans, Hindous, Chiliens, Japonais et autres. Ils répondent tous la même chose, d’après moi » (Bel-Ami, chapitre IV). Avec ces mots, Maupassant saisit le cœur du problème : notre presse n’est pas seulement corrompue, mais activement trompeuse, peu soucieuse de la vérité, et encore moins des individus qu’elle est censée représenter.

Je me souviens de mes propres débuts dans ce domaine. Lorsque j’ai été engagée comme première chroniqueuse ouvertement féminine pour Les Articles de Paix et des Peuples, j’étais ravie. J’envisageais une carrière consacrée à des reportages honnêtes, à l’amplification de voix trop souvent réduites au silence. Mais au fur et à mesure que j’avançais dans le journalisme, je me suis retrouvée de plus en plus isolée, non seulement en tant que femme, mais aussi en tant que personne recherchant l’intégrité dans une profession où les compromis sont nombreux. J’ai moi aussi ressenti l’attrait du succès superficiel, l’attrait de la richesse qu’incarne Duroy. Ce n’est pas une coïncidence que Bel-Ami a résonné si fort en moi ; le réquisitoire de Maupassant contre notre profession reflète mes propres frustrations.

À ceux qui appellent cela du « pessimisme », je dis : c’est bien. Si c’est du pessimisme que de dénoncer la rhétorique fallacieuse et la tromperie intéressée de notre profession, alors soyons tous pessimistes. N’avons-nous pas construit cette profession sur les bases du scepticisme, de la recherche incessante de la vérité ? Quel crime y a-t-il donc à tourner notre regard vers l’intérieur et à soumettre nos propres pratiques à cette même norme ? Ou se pourrait-t-il, comme je le soupçonne, que le réalisme de Maupassant nous touche de très près ? Peut-être son portrait du journalisme est-il intolérable pour certains, précisément parce qu’il montre à quel point nous nous sommes éloignés des principes mêmes qui ont poussé nos ancêtres à la révolution, à la guerre et à la poursuite incessante de la vérité.

Et pourtant, dans tout cela, je trouve trivial de continuer à débattre de Bel-Ami alors que nous avons des sujets bien plus importants à traiter. Cette semaine tout juste, j’ai entendu parler de la signature du traité de Tientsin, qui se solidifie la domination coloniale de la France sur le Viêtnam. Oui, la France profitera des ressources, mais le peuple vietnamien en paiera le prix, son autonomie étant sacrifiée sur l’autel de l’ambition française. Alors que nous sommes ici, accrochés à nos illusions morales, rappelons-nous que notre propre liberté et notre propre justice sont liées à la liberté de tous les peuples, et pas seulement de ceux qui se trouvent à l’intérieur de nos frontières. Que cette querelle au sujet de Bel-Ami soit donc enterrée dès demain. Car si nous, journalistes, ne pouvons pas nous confronter aux défauts décrits par Maupassant, comment pouvons-nous espérer nous confronter à l’impact des actions de notre nation au-delà de ses frontières ? Notre autonomie, nos valeurs, sont inséparables de ceux que nous affectons et influençons. À mes collègues journalistes, je déclare : réclamons les idéaux que nous prétendons défendre. Examinons, éclairons et n’ayons pas peur d’affronter les dures vérités, même lorsqu’elles nous sont renvoyées.

Inès Moreau

Mes Deux Sous sur le Reportage

9 mai 1886

Inès Moreau

Dans le monde surpeuplé du journalisme parisien, deux personnages, Albert Millaud et Pierre Giffard, se disputent l’état de notre presse. Millaud voit dans le journalisme un poison qui infecte le cœur de notre presse. Il prévient : « Le journalisme a tué la littérature et le reportage est en train de tuer le journalisme. Rien ne tuera le reportage ; il mourra de lui-même. C’est le dernier mot de la décadence littéraire d’une époque ; c’est l’homme de lettres remplacé par le concierge » (Millaud, 1886). Pour lui, le journalisme et le reportage a dégradé non seulement notre profession, mais aussi l’art sacré de la littérature.

Je déplore également le déclin des reportages intelligents et nuancés qui caractérisait autrefois le journalisme français. Mais au contraire de Millaud, je pense que ce déclin ne signifie pas la fin ; il nécessite plutôt une réinvention, une purification de l’objectif. Le journalisme de reportage n’est pas un ennemi qu’il faut vaincre, mais un art qu’il faut se réapproprier. Mon travail, soigneusement recherché et profondément documenté, est souvent rejeté au profit de nouvelles sensationnelles qui promettent des histoires frivoles plutôt que d’éclairer. Combien de fois mes articles réfléchis, nés de mois de recherche, ont-ils été abandonnés au profit d’histoires insignifiantes de scandales ou de jeux politiques ? Je vois une alternative, qui me rapproche de la vision de Giffard d’un journalisme qui élève notre domaine au lieu de le dévaloriser.

Giffard, au contraire de Millaud, embrasse le reportage, envisageant un avenir où les reporters ne sont pas de simples ragots, mais des chroniqueurs éclairés de l’époque. Il affirme : « Millaud croit que le reportage ira toujours en abaissant le niveau du journalisme. Et moi je crois qu’il l’élèvera, par le recrutement d’un personnel de plus en plus instruit. Le journaliste de l’avenir sera comme ces mécaniciens des métiers nouveaux, qui font à eux seuls la besogne de plusieurs tisseurs du vieux système » (Giffard, 1886). L’idéal de Giffard d’un journaliste intellectuel, capable d’enrichir le discours public, correspond profondément à mes aspirations. Je souhaite être l’une de ces journalistes qu’il décrit, un journaliste capable de donner de l’importance à n’importe quelle histoire, transformant même le banal en quelque chose qui mérite d’être contemplé.

Cependant, je vois aussi la nécessité de s’adapter. Le journalisme ne peut prospérer s’il s’aliène le public qu’il cherche à servir. Il est essentiel, en tant que femme éduquée dans ce domaine, de composer mes articles de manière à la fois intelligente et accessible. Mes lecteurs, en particulier ceux qui appartiennent aux cercles dynamiques et judicieux de Paris, s’attendent à un certain niveau de raffinement dans ma prose, mais ils recherchent également des histoires qui reflètent leurs expériences concrètes. À cet effet, Millaud a raison : la profession se compose de nombreux hommes qui, lorsqu’ils arrivent dans les hautes sphères de la société parisienne, abandonnent leur devoir d’information pour se plonger dans des activités triviales. Ils abandonnent la substance pour le spectacle, choisissant d’amuser plutôt que d’éduquer. Cette pourriture au sommet doit être éliminée si nous voulons restaurer l’honneur du journalisme.

À cet égard, le reportage intelligent a besoin d’une révolution, non pas pour être mis de côté comme le suggère Millaud, mais pour être réformé, restructuré et enrichi d’intégrité. Nous devons nous concentrer sur les histoires qui comptent, celles qui remettent en question le status quo, plutôt que sur celles qui se content de titiller les masses. Trop souvent, l’essentiel est rejeté comme ne méritant pas d’être publié. Nous devons nous interroger: « Quel est le but de notre journalisme ? »

Entrons donc dans cette époque de réforme avec un effort renouvelé en faveur de la qualité et de l’intégrité. Prenons en compte les avertissements de Millaud sur les dangers de la décadence, mais aussi la foi de Giffard dans le potentiel du journalisme à éduquer et à élever. Nous devons résister à l’attrait des titres faciles et, au contraire, élaborer des récits qui s’adressent à l’intellect et à au cœur de nos lecteurs. Il faut libérer le journalisme des griffes de la médiocrité et rappeler au public sa valeur. C’est seulement de cette façon que nous pourrons honorer l’esprit du journalisme et protéger l’intégrité de la littérature. 

Inès Moreau

Atelier IV

Le texte discute le débat autour du journalisme de reportage, en particulier entre Albert Millaud et Pierre Giffard. Millaud critique le reportage, affirmant qu’il fait du mal à la presse, tandis que Giffard le défend, arguant que les reporters font souvent des efforts et du courage intellectuel en train de couvrir des sujets directement sur le terrain. Cependant, Millaud et Giffard sont tous deux considérés comme des journalistes. L’auteur est d’accord avec Millaud sur les aspects négatifs des interviews, qu’il considère comme une imitation superficielle des pratiques américaines et qui n’apporte que de valeur. L’auteur croit que les interviews sont banales et pense que même la politesse manifestée entre des personnes interrogées rend le processus insignifiant.

L’auteur est critique à l’égard des interviews, qu’il considère comme une forme médiocre de journalisme qu’offre peu de contenu significatif au public. L’auteur ne prend pas explicitement position sur le reportage en général, bien que l’accent mis sur sa catégorisation et sa critique suggère une certaine ambivalence.

Le Silence des Voix

4 Octobre 1873 -
Inès Moreau 

En traversant les rues de Paris, les grands boulevards si méticuleusement façonnés par le baron Haussmann et l’industrie vigoureuse qui fait avancer cette ville, je ne peux m’empêcher de réfléchir aux mains qui alimentent cette croissance rapide. Notre ville si chère brille de la lumière du progrès, mais cette lumière jette une ombre profonde sur des nombreuses victimes oubliées – les immigrés, les femmes et les enfants qui travaillent sans repos dans nos usines.

La classe ouvrière, en particulier les femmes que je rencontre, se trouve au cœur de cette structure, mais reste invisible aux yeux de ceux qui profitent de leur travail. C’est pour eux que j’écris, pour leurs voix que je dédie cette rubrique. Des rues animées de Belleville aux usines mal éclairées de Saint-Denis, j’ai rassemblé les histoires de ces personnes, leurs luttes, leurs espoirs et leur endurance silencieuse.

Prenons l’exemple des jeunes filles que j’ai rencontrées dans une usine textile de Saint-Denis. Ici, l’air est chargé de l’odeur des machines, le bourdonnement constant des métiers à tisser étouffe même le son de la pensée. Ces filles, dont certaines n’ont pas plus de douze ans, sont à la base de la production. Elles se lèvent avant l’aube, les mains fatiguées par le travail sur les bobines de fil qui tissent le tissu même de la mode parisienne. Pourtant, elles ne se plaignent pas – elles ne peuvent pas se le permettre.

La transformation de Paris sous Haussmann a laissé de nombreux coins de la ville négligés, oubliés par les architects du progrès. Alors que les grandes avenues affichent leurs triomphes, les ruelles étroites où vivent ces ouvriers restent surpeuplées et insalubres. Ce contraste saisissant entre la vie des privilégiés et celle de la classe ouvrière reflète les véritables priorités de notre société.

Le bien-être de ces factions est souvent considéré comme sans importance par l’élite, qui ne voit dans la classe ouvrière qu’un moyen de parvenir à ses fins. Combien de nos bourgeoises, parées des plus belles soieries, savent-elles que les vêtements qu’elles portent ont été touchés par les mains fatiguées des jeunes ? Ne comprennent-elles pas que derrière chaque dentelle délicate et chaque ruban de satin se cache l’histoire d’une souffrance ?

Bien que ces immigrés, ces femmes et ces enfants n’aient pas le droit de voter, ils font partie de la France au même titre que les hommes politiques qui dictent leur destin. Il appartient aux citoyens votants de ce pays de parler au nom de ceux qui ne le peuvent pas. Alors que la population d’immigrés continue de se multiplier dans notre capitale, nous devons reconnaître que leurs destins sont liés aux nôtres.

Au cours de mes voyages, j’ai rencontré des femmes immigrées de toute l’Europe et des colonies françaises, attirées à Paris par la promesse d’un travail, mais qui se retrouvent prisonnières du même cycle de pauvreté que celui qui lie tant de travailleurs français. Leurs histoires méritent également d’être racontées. Il est temps que nous reconnaissons que la croissance de notre industrie s’est faite sur leur dos et qu’en l’absence d’une réglementation du travail appropriée, nous sommes tous complices de leur exploitation.

L’histoire de ces personnes me rappelle mon propre héritage, celui de la famille Moreau qui a traversé la tempête des révolutions et des empires. Mes ancêtres connaissaient trop bien la douleur des bouleversements politiques, mais ils croyaient en la promesse du changement. Aujourd’hui, nous devons mobiliser ce même esprit de révolution, l’esprit de la troisième république, mais cette fois-ci pour les travailleurs oubliés qui sont essentiels à notre prospérité.

J’invite les lecteurs de cette chronique, en particulier ceux qui ont le privilège de voter, à réfléchir profondément aux conditions de travail de ceux qui travaillent dans nos usines. Nous ne pouvons pas permettre que leurs vies restent invisibles. Chaque article qu’ils fabriquent, chaque produit qu’ils assemblent, contribue à la croissance de l’industrie française. Sans eux, notre ville ne serait plus ce qu’elle est aujourd’hui.

Le temps de l’action est venu. Exigeons de meilleures conditions de travail, des horaires plus courts et surtout le respect des ouvriers. Il ne suffit pas d’admirer la beauté de Paris sans tenir compte du prix qu’elle a coûté. Ce n’est qu’en mettant en lumière ces parties oubliées de notre ville que nous pourrons vraiment nous considérer comme une société de progrès.

Inès Moreau, écrire pour ceux qui ne le peuvent pas.

Inès Moreau

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Je m’appelle Inès Moreau et je suis une jeune chroniqueuse. Je cherche à présenter les perspectives de la classe ouvrière dans mes écrits. Je voyage à travers la France, racontant des histoires de femmes et d’enfants qui travaillent dans l’industrie, dans l’espoir de mettre en lumière les mauvaises conditions de travail dans les usines et de contribuer à un changement politique. Mes écrits s’impliquent les classes moyennes et l’élite, car mon sujet est le peuple et non la politique. À la fin du XIXe siècle, mes chroniques sont révolutionnaires par l’inclusion de photos vernaculaires dans un journal.