Les critiques de Bel-Ami

Les critiques négatives

  • La moralité: Les comparaisons à Flaubert
  • Gagner dans la vie à cause d’actions immorales
  • Le pessimisme

La moralité: La comparisons à Flaubert

“[Bel-Ami est considéré] le roman-type d’une école nouvelle, qui se réclame de G. Flaubert, bien que ses adeptes diffèrent fortement de ce maître.” (Henry Fouquier, Le XIX siècle)

“D’ailleurs M. de Maupassant procède moins de Zola que de Flaubert. Il a la description sobre, sans empâtement, sans fouillis, la narration rapide et alerte, le style net, ferme et bien français. Pas plus que Flaubert il ne brouille les limites de la littérature et des arts plastiques, ni ne cherche à remplacer les idées par les sensations. Mais, comme Flaubert, il semble avoir pris en haine la sottise, la platitude, la bassesse humaines, et cette haine l’absorbe au point de ne lui laisser voir que ce qui est sot, plat et bas.” (Φ [Phi], Le XIXe siècle)

“A l’exemple de Flaubert, M. Guy de Maupassant, qui a tant de conscience littéraire, se refuse absolument à avoir, ne fût-ce qu’un atome de conscience morale.” (Le Gaulois)

Qui est Flaubert? Dans le roman de Flaubert, Madame Bovary est immorale avec l’argent et l’amour. Flaubert a été poursuivi par la justice pour avoir publié ce roman parce que la narration ne condamne pas ces actions (procès d’ « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs »).

(Il y a plus d’information de Madame Bovary ici)

Est-ce que vous pensez qu’un roman devrait condamner les actions immorales des personnages?

Gagner dans la vie à cause d’actions immorales

“Autrefois, sur la scène et dans les romans, on opposait volontiers honneur à l’argent, la pauvreté honnête a la richesse tarée, on abusait même de la joute et du parallèle.” (Le Gaulois)

Cet article dit que le livre de Maupassant se distingue des autres de l’époque car il ne fait pas de lien entre la richesse et l’honneur. Le livre ne dit pas que si vous êtes honnête, vous gagnerez dans la vie. Duroy devient riche à cause des actions immorales. Il est pauvre et malhonnête, et sa malhonnêteté finit par triompher.

Est-ce que vous pensez que cette dichotomie existe encore dans la littérature? (La richesse tarée par opposition à la pauvreté honnête?)

Le pessimisme

“Seulement les milliers de Français qui liront l’œuvre de M. de Maupassant, sans faire la part du tempérament de l’écrivain et de son système, concevront une assez triste idée des journalistes du temps présent, ce qui ne laisse pas d’être un peu agaçant pour les gens qui ont l’honneur d’exercer ce métier…” (Φ [Phi], Le XIXe siècle)

Cette école, qu’on a appelée si mal naturaliste, devrait s’appeler l’école pessimiste. Car ce qui me paraît son dogme essentiel, c’est de faire du pessimisme un élément d’art.” (Henry Fouquier, Le XIX siècle)

“Encore, faut-il rayer ce mot de caractère: car Bel-Ami n’en pas. Il est absolument passif.”  (Henry Fouquier, Le XIXe siècle)

“Ce Duroy est un alphonse et un proxénète d’une simplicité absolue.” (Henry Fouquier, Le XIXe siècle)

Est-ce que vous pensez que Bel-Ami est “passif”? Pensez-vous qu’il y a plusieurs façons d’interpréter cela?

La réponse de Maupassant

  • La généralisation
  • Le vice triomphe à la fin
  • La presse comme une République
  • La réalité du roman Bel-Ami

Maupassant a envoyé une réponse aux critiques à Gil Bas. Plus précisément, il défend son livre en affirmant qu’une grande partie de celui-ci est vrai. Il dit également qu’il n’essaie pas de généraliser sur le journalisme.

“Or, comment a-t-on pu supposer une seconde que j’aie eu la pensée de synthétiser tous les journaux de Paris en un seul?”

“Alors, de quoi se plaint-on? De ce que le vice triomphe à la fin? Cela n’arrive-t-il jamais…?”

“La Presse est une sorte d’immense République qui s’étend de tous les côtés, ou on trouve de tout, ou on peut tout faire; ou il est aussi facile d’être un homme fort honnête homme que d’être un fripon.”

“Donc, un homme, entrant dans le journalisme, pouvait employer facilement les moyens spéciaux qu’il devait prendre pour parvenir.”

Est-ce que vous pensez que, quelquefois, la vice triomphe à la fin?

Les critiques positives


“Un livre comme le sien se défend de lui-même contre les comiques indignations des Bel-Ami du journalisme, et les lourdes criailleries des pontifes.” (Octave Mirbeau, La France)

Qu’est-ce que vous pensez qu’il veut dire par cela?

“Voila, je suis friand; et, voyez-vous, elles ont, venant de son jardin, une saveur et une suc tentateurs auxquels je ne résiste pas. Ne résistez pas non plus, croyez-m’en. Et ne vous effrayer pas de ce que la vérité saisie sur le vif par une observation implacable et quelque peu repulsive. “ (La Revue politique et littéraire, 23 mai 1885)

Maupassant et l’Algérie

Guy de Maupassant

Je ne vais pas parler de la vie entière de Maupassant, car je suis sûre que nous l’aurons vu dans l’exposé de Mary Virginia lundi. Nous commencerons donc directement par Maupassant et l’Algérie.

l’Algérie

Il a été envoyé en Algérie comme correspondant pour le journal Le Gaulois pendant l’été de 1881, où il écrit une série d’articles critiquant la colonisation française de l’Algérie.

 « Alger à vol d’oiseau », Le Gaulois, 17 juillet 1881

  • Il a d’abord écrit ces lettres sous un pseudonyme, « Un colon »
  • Il est audacieux et critique sévèrement la colonisation en Algérie

Il encourage les Français à se préoccuper de la situation des Algériens :

Les bêtises, énormes à première vue, débitées par les phraseurs avocats attitrés de notre colonie ; le point de vue étroit, patriotique si l’on veut, mais odieusement inhumain où ils se placent, donnent un désir ardent de tenter de comprendre quelque chose à cette situation unique au monde des populations algériennes.

Pensez-vous que Maupassant devrait être permis à écrire sur ce sujet en tant que non-algérien?

Quel est l’effet d’un homme blanc français écrivant sur l’Algérie de cette manière pour son public français ?

Intermède pour l’actualité :

En ce moment, par exemple, toute l’attention se porte vers Géryville, Saïda et autres lieux que fréquente en ses promenades inattendues le vagabond Bou-Amama.

  • Cheikh Bouamama a mené une résistance populaire contre l’occupation française en Algérie de 1881 à 1908. Il est devenu un cheikh, un chef religieux et un guerrier mystique. Sa résistance était une combinaison d’actions religieuses et politiques, dans le but d’arrêter l’expansion coloniale française dans le sud de l’Oranie. Sa résistance a été l’une des plus longues et des plus importantes révoltes contre le colonialisme français en Algérie. 

Pensez-vous que Maupassant était révolutionnaire et anticolonialiste, ou qu’il était critique à propos du colonialisme français en Algérie ? Quelle est la différence ?

En traversant l’Algérie, province par province, je m’efforcerai de saisir, si c’est possible, la situation exacte où se trouvent le colon et l’indigène.

C’est nous qui avons l’air de barbares au milieu de ces barbares, brutes il est vrai, mais qui sont chez eux et auxquels les siècles ont appris des coutumes dont nous semblons n’avoir pas encore compris le sens. Napoléon III a dit un mot (peut-être soufflé par un ministre) : — « Ce qu’il faut à l’Algérie, ce n’est pas des conquérants, mais des initiateurs. » — Nous sommes restés des conquérants brutaux, maladroits, infatués de nos idées toutes faites. Nos mœurs imposées, nos maisons parisiennes, nos usages choquent sous ce ciel comme des fautes grossières d’art, de sagesse et de compréhension. Tout ce que nous faisons semble un contresens, un défi à ce pays, non pas tant à ses habitants qu’à la terre elle-même.

Quels sont les mots qu’il utilise pour décrire le peuple algérien et le pays ? Comment certains de ces mots sont-ils problématiques ?

Des gueux innombrables, vêtus d’une simple chemise ou de deux tapis cousus en forme de chasuble, ou d’un vieux sac percé de trous pour la tête et les bras, toujours nu-jambes et nu-pieds vont, viennent, s’injurient, se battent, vermineux, loqueteux, barbouillés de fange et puant la bête.

Maupassant parle de la mauvaise odeur des Algériens, ce qui évoque une scène du film Parasite où le père riche se plaint des domestiques de sa maison :

Ils sentent tous la même odeur. 

En décrivant les Algériens, Maupassant a renforcé les tropes problématiques concernant une nation entière. En même temps, ses écrits ont révélé l’horreur et le mal de la colonisation française, ce qui était extrêmement rare pour un écrivain français à l’époque.

Dans « Bel-Ami », comment Maupassant se critique-t-il lui-même à travers le personnage de Duroy dans le chapitre 3 ?

Il murmura, en hésitant : –Voilà… mais vraiment… je n’ose pas… C’est que j’ai travaillé hier soir très tard… et ce matin… très tôt… pour faire cet article sur l’Algérie que M. Walter m’a demandé… et je n’arrive à rien de bon… j’ai déchiré tous mes essais… Je n’ai pas l’habitude de ce travail-là, moi ; et je venais demander à Forestier de m’aider… pour une fois…

p. 82

Guy de Maupassant et “Bel-Ami”

Guy de Maupassant

  • Née 5 août 1850 à Dieppe – mort 6 juillet 1893 à Paris
  • écrivain naturaliste de nouvelles et de romans
  • Issu d’une famille aristocratique
  • Il a étudié le droit à Paris
  • Ses études ont été interrompues par la guerre franco-allemande où il a servi comme simple soldat, puis dans le corps des quartiers-maîtres.
  • Après la guerre, il a fini ses études de droit.
  • Son père l’a aidé à obtenir plusieurs emplois administratifs et sa mère lui a offert un apprentissage avec son ami, Gustave Flaubert.
    • ultra “nepo baby”
    • Flaubert a encadré Maupassant et l’a présenté à des auteurs comme Émile Zola et Ivan Tourgueniev.
  • En avril 1880, il a publié “Boule de Suif ” = très populaire
  • Il passe les deux années suivantes à rédiger des articles pour Le Gaulois et le Gil Blas.
    • Il a été très productif pendant les 10 années suivantes; de 1880 à 1890
    • Il a publié environ 300 nouvelles, six romans, trois livres de voyage et son unique volume de vers.
  • Il est mort en une maison de retraite à l’âge de 42 ans des suites d’une syphilis non traitée.
Guy de Maupassant: photographe par Nadar (Gaspard-Félix Tournachon), 1885. Britannica

À propos de Bel-Ami

  • Bel-Ami a été publié en 1885 comme 2ᵉ roman de Maupassant
  • Bel-Ami a été publié en feuilleton dans le journal Gil-Blas à partir du 6 avril 1885.
  • Il a été inspiré par de regard de Maupassant sur les hommes d’affaires et les journalistes à Paris.
  • Satire d’une société qui s’enrichit rapidement
Bel-Ami, édition de 1885, publié par Victor-Havard. Gallica BnF

Paris à “Bel-Ami”

“Bel-Ami” dépeint le Paris du XIXe siècle à travers la perspective de Georges Duroy, permettant au lecteur de découvrir le monde bourgeois des journalistes parisiens. La réalité sociale s’illustre à travers les aspects les plus sombres et insoupçonnés de la tentative d’ascension sociale.

Duroy, surpris, le regardait. Il était bien changé, bien mûri. Il avait maintenant une allure, une tenue, un costume d’homme posé, sûr de lui, et un ventre d’homme qui dîne bien. Autrefois il était maigre, mince et souple, étourdi, casseur d’assiettes, tapageur et toujours en train. En trois ans Paris en avait fait quelqu’un de tout autre, de gros et de sérieux, avec quelques cheveux blancs sur les tempes, bien qu’il n’eût pas plus de vingt sept ans.

Bel-Ami, pg 50

Je crève de faim, tout simplement. Une fois mon temps fini, j’ai voulu venir ici pour… pour faire fortune ou plutôt pour vivre à Paris ; et voilà six mois que je suis employé aux bureaux du chemin de fer du Nord, à quinze cents francs par an, rien de plus.

Bel-Ami, pg 50

Les expériences de Maupassant à Paris ont influencé son œuvre littéraire. C’est à Paris que Maupassant travaille avec Flaubert et travaille administrativement.

À Paris, c’était autre chose. On ne pouvait pas marauder gentiment, sabre au côté et revolver au poing, loin de la justice civile, en liberté. Il se sentait au cœur tous les instincts de sous-off lâché en pays conquis. Certes il les regrettait, ses deux années de désert. Quel dommage de n’être pas resté là-bas! Mais voilà, il avait espéré mieux en revenant. Et maintenant !… Ah ! oui, c’était du propre, maintenant !

Bel-Ami, pg 48

Q: Comment la ville de Paris est-elle représentée dans ces deux chapitres? Quelle est l’attitude de Georges Duroy envers la ville de Paris? Quelles comparaisons fait-il? À quoi pense-t-il?

Journalisme à “Bel-Ami”

Dans nos deux premiers chapitres, Duroy commence à entrer dans le monde du journalisme à Paris. À travers Duroy, la relation entre le journalisme, la politique et la société est exploré. Duroy va entrer dans le monde bourgeois des journalistes du journal La Vie Française. Historiquement, la toile de fond du livre est la colonisation française de l’Afrique du Nord. Nous assistons au début d’une exploration des liens entre la politique, la finance et les médias.

Forestier reparut tenant par le bras un grand garçon maigre, de trente à quarante ans, en habit noir et en cravate blanche, très brun, la moustache roulée en pointes aiguës, et qui avait l’air insolent et content de lui. …….. C’est Jacques Rival, tu sais, le fameux chroniqueur, le duelliste. Il vient de corriger ses épreuves. Garin, Montel et lui sont les trois premiers chroniqueurs d’esprit et d’actualité que nous ayons à Paris. Il gagne ici trente mille francs par an pour deux articles par semaine.

Bel-Ami, pg 53

Son compagnon se taisait, semblait réfléchir, puis tout à coup : – Pourquoi n’essaierais-tu pas du journalisme?
L’autre, surpris, le regarda; puis il dit: – Mais… c’est que… je n’ai jamais rien écrit.
– Bah ! on essaie, on commence. Moi, je pourrais t’employer à aller me chercher des renseignements, à faire des démarches et des visites. Tu aurais, au début, deux cent cinquante francs et tes voitures payées.

Bel-Ami, pg 53 – 54

Q: Comment est présentée la vie des journalistes ? Comment le journalisme est-il illustré par les journalistes et les propriétaires de journaux ? Quel message Maupassant tente-t-il de faire passer avec ces représentations ?

Femmes à “Bel-Ami”

La brune lui dit : – As-tu retrouvé ta langue?
Il balbutia: « Parbleu », sans parvenir à prononcer autre chose que cette parole. Ils restaient debout tous les trois, arrêtés, arrêtant le mouvement du promenoir, formant un remous autour d’eux.
Alors, tout à coup, elle demanda : – Viens-tu chez moi ?
Et lui, frémissant de convoitise, répondit brutalement: – Oui, mais je n’ai qu’un louis dans ma poche.
Elle sourit avec indifférence: – Ça ne fait rien.
Et elle prit son bras en signe de possession.

Bel-Ami, pg 60

Duroy, s’asseyant aussitôt, prit sur son genou Laurine, puis effleura des lèvres les cheveux ondés et fins de l’enfant. La mère s’étonna: – Tiens, elle ne s’est pas sauvée; c’est stupéfiant. Elle ne se laisse d’ordinaire embrasser que par les femmes. Vous êtes irrésistible, monsieur Duroy.
Il rougit, sans répondre, et d’un mouvement léger il balançait la petite fille sur sa jambe. Mme Forestier s’approcha, et, poussant un cri d’étonnement: – Tiens, voilà Laurine apprivoisée, quel
miracle!

Bel-Ami, pg 73 – 74

Duroy interagit avec plusieurs femmes au début de ce roman dans plusieurs environnements. Les interactions présentées dans ces chapitres indiquent que peut-être les femmes de ce roman joueront un rôle assez important dans le voyage de Duroy.

Q: Comment les femmes sont-elles représentées dans ces 2 chapitres ? Quelles femmes Duroy rencontre-t-il et quelle est son attitude à leur égard? Y a-t-il un lien entre les différentes femmes et la nouvelle arrivée de Duroy dans la société parisienne?

Les Citations:

Émile Zola et la presse

Émile Zola

  • 1840-1902
  • Né à Paris
  • Écrivain-journaliste
  • Républicain
  • Journalisme
    • Quotidiens
    • Critiques littéraires, dramatiques, d’art
    • Chroniques
    • Romans-feuilletons
    • Articles politiques
    • L’Événement, Le Figaro, Le Voltaire, La Cloche
  • Succès littéraire
    •  Les Rougon-Macquart : 20 romans (1870-1893)
  • Le naturalisme
    • Mouvement littéraire
    • La nature humaine : l’hérédité + les circonstances
A black-and-white photograph of Émile Zola sitting at his desk with a book in hand.
Gallica

« Adieux » (Le Figaro, 1881)

Zola au Figaro

  • Défendre ses idées
  • Une réussite
  • Son départ du journalisme

L’évolution de Zola dans la presse

  • Un journaliste prolifique
  • La nécessité → la passion

Depuis plus de 15 ans, je me bats dans les journaux. D’abord, j’ai dû y gagner mon pain, très durement ; je crois bien que j’ai mis les mains à toutes les besognes, depuis les faits-divers jusqu’au courrier des Chambres. Plus tard, lorsque j’aurais pu vivre de mes livres, je suis resté dans la bagarre, retenu par la passion de la lutte.

Émile Zola, « Adieux » (PDF : page 1, colonne 2)
A question mark.

Quelle(s) image(s) Zola utilise-t-il pour décrire sa carrière dans le journalisme ? Que suggère cette image de son expérience en tant que journaliste ?

Connaître la presse

  • Il s’oppose à ses écrivains aînés
  • La validité des critiques du journalisme

Il faut avoir longtemps souffert et usé du journalisme, pour le comprendre et l’aimer.

Émile Zola, « Adieux » (PDF : page 2, colonne 1)
A question mark.

Pensez-vous qu’il faut connaître intimement le monde du journalisme afin de le critiquer ? Cette perspective affecte-t-elle la manière dont vous percevez les critiques de la presse que nous avons lues jusqu’ici ?

Défense littéraire de la presse

  • Une position contraire aux autres écrivains-critiques
  • Le journalisme aide les écrivains

À tout jeune écrivain qui me consultera, je dirai : « Jetez-vous dans la presse à corps perdu, comme on se jette à l’eau pour apprendre à nager ». C’est la seule école virile, à cette heure ; c’est là … qu’on peut forger son style sur la terrible enclume de l’article au jour le jour.

Émile Zola, « Adieux » (PDF : page 2, colonne 1)
A question mark.

Comment la presse pourrait-elle être utile pour un écrivain, selon Zola ? Quelles sont les « leçons pratiques » que donne la presse ?

La puissance de la presse

  • Il reconnaît les aspects négatifs de la presse
  • Conclusion : la presse est utile et nécessaire

Mais la colère et le dégoût s’en vont, la presse reste toute puissante. On revient à elle comme à de vieilles amours. Elle est la vie, l’action, ce qui grise et ce qui triomphe. Quand on la quitte, on ne peut jurer que ce sera pour toujours, car elle est une force dont on garde le besoin, du jour où l’on en a mesuré l’étendue.

Émile Zola, « Adieux » (PDF : page 2, colonne 2)
A question mark.

Pourquoi, selon Zola, les valeurs de la presse triomphent-elles des aspects négatifs ? Êtes-vous d’accord que les valeurs de la presse française au XIXe siècle sont plus fortes que ses défauts ?

Sources consultées

Honoré de Balzac, Illusions perdues (2ème partie)

Introduction

  • 20 mai 1799 – 18 août 1850
  • Né dans une famille bourgeoise mais pas financièrement stable
  • 1819 – devenu romancier mercenaire
    • a appris qu’il faut avoir l’indépendance et la fortune pour publier les arts écrits
  • 1829: le Gars (Les Chouans) – premier roman populaire, contre le libéralisme
  • opinions politiques
  • 1830: écrivait des chroniques politiques et des contes pour quelques journaux
  • écrit de la vie privée
  • 1836:
    • La Chronique de Paris – un grand échec
    • a quitté Paris et a commencé à écrire Illusions Perdues
    • Girardin a fondé le roman feuilleton dans son nouveau journal La Presse
  • 1837-1843: Illusions perdues publié – un grand succès
  • Des personnages complexes, réels
  • Obsédé par l’argent, têtu
  • Mort d’épuisement

Source: Honoré de Balzac, Larousse

Réception

  • Tres négative
  • a nui à sa réputation
  • tout n’est pas corrompu
  • Une vengeance
  • “dégoûtant et cynique”

Jamais M. de Balzac n’avait jamais poussé à un degré aussi déplorable, l’abus de ces locutions vicieuses, de ces tours embarrassés, de ces descriptions diffuses et de cette prétention à la profondeur intellectuelle qui font de ses romans un pendant curieux aux livres embourbés et pâteux qui florissaient en France, avant que Malherbe vint. Telle est la publication dernière de M. de Balzac. Dieu veuille, pour nous et pour son libraire, que ce soit en outre sa dernière publication

Le Figaro, 1839

ce cloaque, qu’il appelle un livre

Le Commerce, 1839

Nous ne jugerons son œuvre que par ses côtés littéraires. Vue ainsi, elle a sans doute des parties fort belles, mais elle pèche dans le ton général, dans l’harmonie du plan, dans la vérité des caractères. Aucun des personnages de ce livre n’appartient à la vie réelle ; il faut aller au bagne pour trouver d’aussi grands scélérats, des monstres aussi niais, des coquins aussi stupides.

Le Constitutionnel, 1839

Sources: L’accueil glacial des « Illusions perdues » de Balzac dans la presse, sur Retronews et Les journalistes étaient-ils tous pourris à l’époque de Balzac ? sur Radiofrance

Questions de discussion

Quelles sont les plaintes de Balzac par rapport à l’état du journalisme?

Le livre, fút-il un chef-d’œuvre, doit devenir sous ta plume une stupide niaiserie, une œuvre dangereuse et malsaine.

Illusions perdues, page 402

Tu commenceras par trouver l’œuvre belle, et tu peux t’amuser à écrire alors ce que tu en penses. Le public se dira : Ce critique est sans jalousie, il sera sans doute impartial.

Illusions perdues, page 403

Pourquoi est ce que Lucien ne peut pas critiquer trop Nathan? Qu’en pense Lucien?

Dans ce moment-ci, tu es, à ses yeux, un espion, une canaille, un drôle; après-demain tu seras un grand homme, une tête forte, un homme de Plutarque! Nathan t’embrassera comme son meilleur ami.

Illusions perdues, page 423

Pourquoi doit-on utiliser plusieurs signatures différentes? Quel est l’effet?

samedi prochain, tu feras une feuille dans notre Revue, et tu la signeras DE RUBEMPRÉ en toutes lettres. Dans ce dernier article, tu diras : Le propre des belles œuvres est de soulever d’amples discussions. Cette semaine tel journal a dit telle chose du livre de Nathan, tel autre lui a vigoureusement répondu. Tu critiques les deux critiques C et L.

Illusions perdues, page 426

Pourquoi est-ce que les supérieurs de Lucien lui dit de ne pas trop investir dans son écriture? Qu’en pensez-vous?

Tu pensais donc ce que tu as écrit? dit Hector à Lucien. Oui. Ah! mon petit, dit Blondet, je te croyais plus fort!

Illusions perdues, page 421

mais des articles lus aujourd’hui, oubliés demain, ça ne vaut à mes yeux que ce qu’on les paye.

Illusions perdues, page 422

Quelle est l’influence de l’argent sur le travail de Lucien?

je suis incapable d’écrire deux mots d’éloge sur ce livre… Tu auras encore cent francs, dit Merlin.

Illusions perdues, page 425

Ils ont raison! s’écria Lucien quand il fut seul avec Coralie, les hommes doivent être des moyens entre les mains des gens forts. Quatre cents francs pour trois articles! Doguereau me les donnait à peine pour un livre qui m’a coûté deux ans de travail.

Illusions perdues, page 426

Les Mystères de Paris par Eugène Sue

Contexte

Le premier chapitre des “Mystères de Paris” par Eugène Sue est publié en Juin 1842 dans le Journal des Débats, un journal conservateur et gouvernemental. On doit s’abonner pour accéder au journal, et les roman-feuilletons étaient créés pour avoir plus d’abonnements pour vendre les annonces. Le roman est écrit en 140 publications entre juin 1842 et octobre 1843. Sue était d’une famille de médecins et était chirurgien de marine avant de devenir écrivain. Il devient socialiste et est exilé après un coup d’état en 1850, alors il meurt à Annecy.

Les Mystères de Paris par Eugène Sue, 10c la livraison illustrée… ; Jules Chéret, illustrateur, 1885 – source : Gallica-BnF

Le Chapitre

Ce texte était un texte fondateur pour le genre du roman-feuilleton, et l’extrait qu’on a lu est le premier chapitre. Le livre parle de la misère sociale du prolétariat.

“La nuit était profonde, l’eau tombait à torrents, de fortes rafales de vent et de pluie fouettaient les murailles.”

– Eugène Sue, page 7

Faits Divers et “True Crime”

Le style du texte est assez familier mais aussi littéraire avec beaucoup de descriptions de la ville, du temps, et d’autres indicateurs du scène. Il y a aussi le dialogue très détaillé avec les mots de vocabulaire que Sou définit. Il est écrit dans une style un peu comme les faits divers – les histoires des gens ordinaires et le crime (mais plus longue et détaillée dans le roman).

Pensez-vous que ce roman est écrit dans une style similaire aux histoires de “True Crime” aujourd’hui? En général, pourquoi pensez-vous que les gens s’intéressent aux histoires de crime?

Sue et les Lecteurs dans le Texte

Sue parle de lui-même comme l’auteur du texte et parle aussi directement aux lecteurs, en particulier au début de l’histoire. Cela est peut-être parce qu’il est le premier chapitre, mais il est interessant de parler si directement aux lecteurs et parler de l’histoire qu’ils commencent à lire comme c’est un vraie histoire.

“Nous sommes presque restés dans le doute; sans l’impérieuse exigence de la narration, nous regretterions d’avoir placé en si horrible lieu l’exposition du récit qu’on va lire.”

– Eugène Sue, page 4

Vocabulaire

Il y a plusieurs mots de “vocabulaire” dans le texte qui sont définis en bas de la page. Par exemple, le mot “gouailleuse” est un autre mot pour “chanteuse”. Ces mots et phrases existent dans la langue, mais le plupart n’ont pas la même definition que Sue utilise. En utilisant ces mots, il nous invite dans un monde un peu surréaliste et inconnu, qui augmente les sentiments du chapitre et le monde qu’il crée.

Est-ce que le style d’écriture (le conversation avec les lecteurs) et les mots de vocabulaire dans le texte changent votre experience de lecture? Trouvez-vous que c’étaient un bon choix stylistique?

Fin Du Chapitre

Le chapitre se termine avec un moment du suspens pour encourager les lecteurs à lire le prochain chapitre. Cela est devenu une partie importante des romans-feuilletons pour encourager les lecteurs à s’abonner aux journaux et puis à les acheter. Cela est un style littéraire très populaire à ce moment-là, mais il a commencé pour des raisons économiques qui est un contraste intéressant avec l’art et l’argent.

Pensez-vous que le suspens à la fin du chapitre est bon pour la littérature ou seulement pour les ventes? Est-ce que votre réponse change si vous pensez à chacun des 140 chapitres dans ce roman?