Objectifs : développer le style de votre chroniqueuse ou chroniqueur, établir le lien entre elle ou lui et son public, discuter des thèmes vus en classe (par exemple : les rues de Paris, le désir de représenter la société moderne, les différents styles de chroniques, les différents types de journal, les évolutions de la presse entre 1836 et les années 1880, les faits divers, les romans-feuilletons, la critique de la «littérature industrielle»…), se positionner par rapport à ces idées et débats du 19e siècle
Pour cette première chronique, vous avez deux choix de sujet :
- Les rues de Paris : Prenez pour modèle la chronique de Delphine de Girardin (« Courrier de Paris », La Presse, 1 décembre 1839) ou celle de Timothée Trimm (« Paris au petit jour… », Le Petit Journal, 10 août 1863), que nous avons lues pour le cours 4, pour écrire une chronique au sujet des rues de la capitale et du peuple parisien. Ce sujet vous servira de point de départ pour parler librement de ce qui intéresse votre chroniqueur·se.
- Un nouveau journal : Écrivez une chronique qui s’inspire d’un des prospectus de journaux nouvellement fondés que nous avons lus pour le cours 2 (Le Siècle, Le Petit Journal, Le Journal)—ou d’un autre nouveau journal que vous avez trouvé vous-même dans RetroNews—pour parler de la presse, de vos idées (celles de votre chroniqueur·se, c’est-à-dire) sur ce qu’un journal doit être, sur le rôle de la presse et/ou de la chronique, etc. Notez : vous pourriez aussi vous inspirer des chroniques de Jules Vallès pour parler d’une nouvelle série de chroniques que vous allez écrire dans un journal.
Consignes :
- Écrivez environ 600-700 mots.
- Dans le titre de votre «post» mettez votre pseudonyme et un titre descriptif.
- Si vous faites référence à un autre journal/chronique/article, incluez un extrait dans votre publication en vous servant de l’outil H5P.
Ressources :
- Les chapitres de Vanessa Schwartz et de Judith Lyon-Caen (cours 1)
- Les ressources disponibles dans les Suppléments pour l’Unité 1 et 2
- Les images du cours – si vous choisissez le sujet 1, pensez à regarder les fichiers «La vie à Paris» et «Les rues de Paris» pour trouver des détails pittoresques au sujet des gens qu’on pouvait trouver dans les rues de la ville
Publiez votre chronique sur WordPress, dans la catégorie Chronique I, le vendredi 4 octobre.
Donnez un titre à votre chronique et mettez également votre pseudonyme, ainsi : « Pseudonyme : Titre de chronique »
- Chronique 1, Sophie Hauckby Sophie Hauck
Qu’est-ce que c’est la responsabilité de la presse, vous vous demandez ? Pour moi, Manon Mystère, la presse doit montrer à tout le monde les histoires qu’ils ne voient pas souvent — ou peut-être, ce qu’ils ne peuvent pas voir. Par exemple, s’il y a une boulangère qui se lève tôt chaque matin pour faire le pain que tout le village mange, la presse devrait écrire un portrait d’elle. Qu’est-ce qu’elle aime faire en plus de cuire, et est-ce qu’il y a des faits intéressants ou surprenants de sa carrière que personne ne sait pas ? En partageant ces histoires jamais racontées, des journalistes peuvent honorer les vies des gens quotidiens — les boulangers, les éboueurs, les facteurs…
Ou la presse devrait dévoiler la corruption dans ces industries. Peut-être cette boulangère ne paye pas d’impôts en échange de donner du pain gratuit aux élus. Ça n’est pas juste, mais ces affaires louches peuvent passer s’il n’y a pas quelqu’un qui surveille le gouvernement, les chefs d’entreprises, et les autres gens puissants en société. Aux États-Unis, il y a deux expressions qui représentent mon attitude sur la responsabilité de la presse: « Democracy dies in darkness, » et « Sunlight is said to be the best of disinfectants. » En français, cela veut dire que la démocratie meurt dans le noir, et la lumière du soleil est le meilleur désinfectant. En d’autres termes, la démocratie ne fonctionne pas — ou ne dure pas — sans la presse parce que de la corruption est l’ennemi de la démocratie, et des journalistes révèlent la corruption. En fait, ce sont les chiens de garde qui protègent les intérêts des citoyens.
En ce moment, je dois dire que mes espoirs ou mes attentes de la presse ne sont pas réalistes à l’heure actuelle. Pendant cette époque, la presse est un commerce, et souvent leur style est trop simpliste. Par exemple, si quelqu’un meurt, l’article qui annonce leur mort ne décrit pas les détails de leur vie — leurs rêves ou leurs passions. Maintenant, les journalistes n’ont pas un esprit volontaire ou un sens du devoir quand ils écrivent. Ils essaient de vendre autant de journaux que possible sans trop d’efforts, et puis ils ne découvrent pas les détails cachés de la vie quotidienne. Ils ne mettent pas au jour les secrets du gouvernement. Ils ne se rendent pas compte qu’ils pourraient gagner plus d’affaires s’ils écrivaient plus d’articles significatifs qui ajouteraient de la valeur au public français. Par exemple, si la boulangère ne paye pas ses impôts parce qu’elle a fait un marché de façon déloyale avec ses élus, le public français veut savoir au sujet de cette corruption. Et ils veulent lire les profils sur leurs voisins parce que la réalité intéresse les vrais gens.
Au futur, j’imagine un monde en lequel la presse écrit au sujet de chaque topique — de la santé, du sport, de la religion. On aime admirer de l’art, du cinéma, de la cuisine. Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas admirer le journalisme en tant qu’art ? Pour moi, Manon Mystère, la presse a une responsabilité essentielle, alors les journalistes doivent ressentir ce sentiment de responsabilité. Puis, ils peuvent gagner plus de responsabilité et écrire au sujet des topiques plus intéressants que la vie quotidienne. Ils peuvent avoir des conversations avec des leaders mondiaux, des célébrités, et puis, quelqu’un deviendra connu parce qu’un journaliste a écrit au sujet de cette personne. En fait, les journalistes du futur deviendront connus parce que ce qu’ils en écrivent est important. Bien sur, la responsabilité de la presse n’est pas au sujet de gagner de l’adoration, mais je sais que si on confie plus d’attention aux journalistes, ils nous récompenseront en assurant que la démocratie ne meurt pas dans le noir. Après tout, la lumière du soleil est le meilleur désinfectant.
- Le Paulois Engagé: Paris éttoufféby Annie Karitonze
Ah, Paris ! Ville de promesses et de périls. Dans cette capitale où chaque pierre murmure des rêves, une ombre pesante s’étend sur les trottoirs : celle des cheminées d’usines. On les voit partout désormais, ces colonnes de fumée, dressées comme des griffes de fer qui lacèrent le ciel. Elles portent le sceau du “progrès”, mais à quel prix ?
Les rues qui jadis résonnaient des cris des marchands, des rires des enfants et du pas rapide des artisans sont aujourd’hui envahies par une atmosphère lourde et grise. Dans les quartiers industriels, il ne s’agit plus de trottoirs peuplés de promeneurs élégants ou d’ouvriers joyeux. Non, c’est le royaume des ombres : hommes et femmes aux visages noircis, leurs traits effacés par la fatigue et la suie. Ce sont les serviteurs silencieux des machines modernes, ces monstres insatiables qui dévorent les heures, la santé et même l’espoir.
Voyez-les, ces ouvriers ! La chemise trempée de sueur, le dos courbé, ils sortent à peine des usines que déjà leur souffle est court, leur regard vide. À leur place, nous promenerions-nous dans les rues de Paris avec le même orgueil ? Nous oserions peut-être répondre, comme les bourgeois au balcon : “Tout cela est nécessaire.” Mais que nous enseigne cette “nécessité”? Que la richesse d’un petit nombre doit être bâtie sur la misère des masses ? Que le ciel bleu de notre jeunesse peut se ternir sans regrets ?
Le pire, chers lecteurs, n’est pas ce que l’on voit. C’est ce que l’on respire. Ces fumées âcres, qui semblent flotter au-dessus des toits comme des nuages rebelles, s’immiscent partout. Dans chaque souffle pris par un ouvrier, dans chaque repas partagé par une famille, se cache un poison lent. Les médecins s’alarment, mais leurs voix sont étouffées par le bruit des marteaux et des machines. Les industriels, eux, parlent d’ “innovation” et de “modernité”, détournant les regards des maux qu’ils infligent.
Prenons l’exemple de cette usine pétrochimique récemment installée aux portes de la ville. Sous prétexte de produire des lampes à gaz, elle produit surtout des veuves et des orphelins. Les travailleurs y inhalent des vapeurs toxiques tout en manipulant des substances qu’ils ne comprennent pas, car personne ne leur explique. Pourquoi le ferait-on ? Leur vie vaut-elle le coût d’une précaution ? Apparemment non. Leur existence est comptée en heures d’efforts, non en années de bonheur.
Et les rivières ? Ah, la Seine ! Ce fleuve majestueux, jadis miroir des ponts et des palais, est devenu le réceptacle des eaux usées et des débris industriels. Les poissons meurent, les berges puent, et pourtant, on ferme les yeux. Ce n’est qu’un “dommage collatéral”, dit-on. Les ouvriers, eux, voient cette eau comme leur dernier luxe, leur seul moyen de se rafraîchir après une journée harassante. Mais qu’ils osent y plonger un pied, et c’est leur santé qui en paiera le prix.
Devons-nous accepter cette tyrannie des machines et de leurs maîtres ? Moi, Le Paulois Engagé, je dis non. Non à ce mépris des corps et des âmes. Non à cette destruction insidieuse de la nature qui nous a tous nourris, moi y compris, dans ma jeunesse béarnaise. À Pau, nous respections la terre parce qu’elle nous donnait tout. Ici, à Paris, on la méprise comme si elle était une servante fatiguée.
Alors, que faire ? Peut-être commencer par parler. Par nommer ces injustices qui s’abattent sur les plus faibles. Par écrire, toujours écrire, pour que la fumée ne recouvre pas la vérité. Ce n’est qu’un début, mais un début nécessaire. Car si les ouvriers sont forcés au silence, nous, qui avons encore une plume et une voix, devons hurler pour eux.
Je vous invite, chers lecteurs, à regarder cette ville autrement. Ne voyez pas seulement ses belles avenues, ses lumières éclatantes et ses vitrines luxueuses. Voyez aussi ses ombres, ses poumons noirs et ses rivières souillées. Paris suffoque, et avec elle, ses habitants. Si nous n’agissons pas, bientôt, ce ne sera plus la “Ville Lumière”, mais un tombeau fumant pour les rêves de ses enfants.
Le progrès ne vaut rien s’il coûte l’humanité. Paris doit respirer, et ses ouvriers aussi. Pour cela, il faudra lutter. Et moi, Le Paulois Engagé, je lutterai. Avec ma plume pour arme, je continuerai à dénoncer, pour que le souffle coupé des opprimés devienne un cri qui résonne dans toutes les rues de cette capitale.
À la semaine prochaine, sous une lumière que nous aurons peut-être sauvée.
Le Paulois Engagé
- Anaïs d’Avignon: Les Rues du Futurby Trudie Seterdahl
Quand je me réveille le matin, je reconnais une odeur qui vient de la rue. La plupart des gens diraient qu’ils reconnaissent le matin par le sons.
– Le journal! Les ragots, la politique, et plus! Venez!
Mais, pas moi. Je reconnais le matin par l’odeur. C’est l’odeur de papier et l’encre. Pourquoi? Quand j’etais une jeune femme, je travaillais dans une usine qui produit et imprime des journaux. Je me souviens d’une odeur comme si c’était hier. Je me souviens aussi des hommes qui me criaient parce que j’étais lent et qui n’attendait pas grand-chose de moi. Mais, pendant que je me réveille, j’oublie ces mauvais souvenirs. Maintenant, je veux lire la chronique d’aujourd’hui!
Je m’habille et descend des escaliers de mon immeuble. Quand j’ouvre la porte, deux petits garçons courent trop vites à côté de moi. J’entends leur mere.
– Arrêtez! Maintenant! Excusez-vous!
Les garçons tournent autour de moi.
– Désolée, mademoiselle.
Je ris, et continue dans la rue. Les rues de Paris me surprennent chaque jour, parce qu’elles changent chaque jour! Je remarque les styles des femmes. Les chaussures des femmes créent les sons dans la rue, et leurs manteaux bougent avec le vent. Au printemps, les fleurs sur les jupes assortissent les fleurs sur les arbres. La scène que je vois me reconnait ses faits divers, dans Le Petit Journal. Tout le monde dans la rue a eu une vie bizarre et unique. Les faits divers soulignent l’importance des vies ordinaires, qui peut devenir une vie extraordinaire, et les histoires qui sont réelles, mais sont comme un roman. J’adore ce journal pour cette raison.
Les enfants vont à l’école à cette heure, et les adultes ont pris de l’argent de leurs poches pour acheter un chronique. Je regarde chaque personne. Les hommes riches en longs manteaux et chapeaux prennent un chronique aux garçons qui crient pour vendre des journaux. Les femmes les prennent aussi, mais je vois leur appréhension parce que les hommes regardent fixement. Je crois qu’ils doutent de la capacité des femmes à comprendre et à apprécier les journaux. Je reconnais les hommes dans l’usine de papier, qui criaient à moi, parce qu’ils pensent que je suis bête. Ils pensent je ne peux pas comprendre les complexités des nouvelles.
Les chroniques sont toutes différentes. Mais, je pense que tous sont, en réalité, créés pour les hommes. Les hommes qui peuvent créer les grandes carrières, et qui peuvent attendre l’école pour plus de temps. Mon cher lecteur, je veux offrir une perspective différente. Qu’est-ce que se passerait si les femmes apprenaient les compétences nécessaires pour rejoindre le marché du travail et en apprendre davantage sur l’économie et la politique? Malheureusement, nous ne pouvons pas compter sur les hommes pour cela. Nous devons former notre propre communauté. Est-ce qu’il y a une meilleure façon pour créer cette communauté que distribuer des chroniques, spécifiquement pour le pouvoir des femmes? Ça, c’est ce que je veux créer. Considérez-moi comme votre sœur, qui veut vous aider dans la recherche d’ une meilleure vie. Si vous avez un homme dans sa vie qui vous opprime, n’avez pas peur! Cette chronique, c’est notre petit secret. Allez à droite dans la rue après le kiosque pour lire les journaux, et marcher pendant deux minutes. Une jeune femme vous recontrera, et donner la chronique, pour un sous.
Après ma promenade dans la rue, je retourne à mon appartement. Le retour n’est pas long, mais je marche avec enthousiasme. C’est un nouvel âge, avec de nouvelles idées, et les femmes sont à l’avant-garde. Les rues sont bruyantes avec les conversations! Je vois les petites filles avec leurs jupes et petits chausseurs, qui marche à l’école, et je souris. Je sais que l’avenir est brillant!
- La Marquise de Mimizan: Ragots de la rueby Miriam Saletan
Mes amis –
Cette semaine à Paris, les rues sont remplies de ragots – plus que d’habitude. Une promenade dans la ville il y a quelques jours a révélé les secrets les plus juteux de la ville.
La semaine dernière, le cadavre d’un homme a été découvert derrière un restaurant à Paris, une balle dans la tête. Les détectives au scène de crime ont decidé que c’était un suicide, et pendant plusieurs jours, les parisiens ont cru cette explication. Mais récemment, quelques personnes ont formé de nouvelles idées. À l’extérieur d’un magasin au coin, un groupe de quatre ou cinq femmes bien habillées discutent des faits. Ils croient que c’était un meurtre.
Évidemment, la femme de cet homme, que nous appellerons Mme. P, avait un petit ami qu’elle avait visité en secret pendant plusieurs mois. Mais son mari a commencé à soupçonner qu’elle le trompait. Tard dans la nuit, par coordination ou coïncidence, les deux hommes ont échangé des mots derrière le restaurant. La conversation s’est transformée en cris, et le petit ami a sorti un pistolet.
Une femme du groupe dit que le petit ami a été blessé, mais une autre nie. Elle travaille dans un hôpital près du restaurant, dit-elle, et ils n’ont reçu aucun patient avec des blessures par balle cette nuit. Elle insiste qu’il s’est échappé sans être grièvement blessé. Une autre femme dit qu’elle a entendu que la femme et son petit ami avaient maintenant l’intention de fuir le pays ensemble.
Dans un quartier de l’autre côté de la ville, j’entends des plaintes au sujet d’un chien qui terrorise les voisins, parce qu’il n’arrête jamais d’aboyer. Toute la journée et toute la nuit – quand les bonnes sortent les poubelles, quand les pères rentrent du travail, quand les mères mettent leurs enfants au lit – le chien aboie.
La propriétaire de ce chien, Mme. A, est plutôt âgée et souffre de solitude depuis le décès de son mari l’année dernier, disent les voisins. Cette solitude l’a poussée à prendre un chien de la rue. Les voisins ont parlé directement à Mme A en plus d’alerter la police, mais rien n’a été fait.
Deux adolescents rentrent de l’école en portant leur uniforme et leurs sacs à dos. Une des bonnes, affirme l’une, est devenue si furieuse qu’elle a jeté une pierre dans la fenêtre de Mme A. Cela a provoqué un fort cri. Mme. A a menacé d’obtenir une ordonnance restrictive contre cette bonne et a demandé qu’elle soit virée.
Dans un quartier plus modeste, beaucoup de gens sont en colère contre le facteur. Ils disent qu’il arrive irrégulièrement, parfois une semaine sans rien recevoir. Le facteur, disent-ils, est un ivrogne. Il ne se sent pas concerné par son travail. Quand le courrier est arrivé, c’est en désordre. Les gens reçoivent du courrier qui appartient à leurs voisins. Les enveloppes sont déchirées, pliées, et endommagées. Une femme âgée affirme que, en raison du comportement négligent du facteur, elle n’a toujours pas reçu l’invitation au mariage de son fils. Une jeune mère répond que, la connaissant, elle n’a peut-être pas été invitée.
Enfin, une pièce de théâtre a suscité un certain débat cette semaine – mais pour les mauvaises raisons. Selon un groupe de jeunes femmes à l’extérieur du théâtre, l’acteur principal a plus de trois enfants hors mariage. Plusieurs femmes ont affirmé qu’il avait promis de les épouser, mais puis il les a quittées pour poursuivre sa carrière. L’acteur a nié les allégations, affirmant que ces femmes veulent juste la célébrité et l’argent.
Je suis vraiment enthousiaste d’entendre comment ces histoires se développent. De plus, mes sources me disent qu’une famille aristocratique très populaire attend un enfant. J’enquêterai sur cette histoire la semaine prochaine.
À la prochaine,
La Marquise de Mimizan
- Geneviève de Carcassonne: La Reine de la Rue Mouffetardby Josie Dolan-Edmondson
À mes chers lecteurs,
Je ne vous écris pas depuis les sources d’eau chaude d’Islande, le désert du Maroc ou les marchés du Liban, mais depuis une rue de Paris qui représente un vaste éventail de goûts, de sons, d’odeurs et de sensation. Cette rue, c’est la mouffe, ou pour mes lecteurs étrangers – et par étrangers, j’entends non parisiens, et par non parisiens, je veux dire malchanceux – la rue Mouffetard. Cette rue du 5ème existe depuis que les Romains étaient là, il y a près de 2000 ans, et je les imagine occupés sur les pavés. Et me voilà, flânant sur la colline Sainte-Geneviève, me sentant la reine du monde, ou du moins la reine des patrons de la mouffe.
Ah Place Monge, pourquoi me narguer avec vos vins chers ? Le vigneron, avec sa cape couleur de minuit et ses yeux verts étincelants, crie comme un faucon :
«Femme ravissante, goûte ce cabernet sauvignon, je t’en supplie ! »
« Chéri, il est seulement l’heure de déjeuner, essaie plus tard,» je rigole, mais il m’attrape par le bras, m’attire à lui et me verse dans le gosier un verre du plus somptueux des vins rubis. Mais alors, le voyage doit continuer, j’ai une petite chronique à faire pour mes adorables lecteurs, et elle ne peut pas s’arrêter au vigneron.
Je continue à remonter la rue étroite, et l’odeur incroyablement piquante des fromages envahit mes sens. J’ai l’impression d’être dans un champ fleuri de toutes sortes de fleurs sauvages. Si le vendeur de vin pensait avoir la meilleure chance, il ne sait pas que le marchand de fromage a bien plus de chances de gagner mon cœur, même s’il est petit, jovial et rose comme une tomate trop mûre.
« Fromage de chèvre infusé à la lavande pour la bella donna, » s’exclame-t-il en plaçant dans ma main tendue un épais morceau de fromage crémeux sur une brochette.
J’ai les genoux qui tremblent à l’idée de manger ce fromage corsé qui embaume la rue et nous bénit tous. Les chèvres doivent manger l’herbe la plus fine de toute la France pour produire un tel nectar.
Je continue. Le fruitier, avec son stand à quatre roues et son pantalon en lambeaux, tire sur ma jupe. C’est le mercredi des cendres ? Non, ce n’est qu’un peu de terre de la ferme sur son front.
Sa bouche est cousue de timidité. « Oui, mon cher ? » Je lui demande.
Il me regarde comme un chiot. « Madame veut-elle goûter une figue ? »
Au moment où il me tend une figue massive, l’apiculteur, grand et fort, dépose une cuillerée de miel doré sur le fruit, en me faisant un clin d’œil.
Je ne peux pas m’en empêcher. Je demande : « Monsieur, vos bras sont-ils couverts de piqûres d’abeilles ou êtes-vous simplement incroyablement fort ? »
Il devient rouge vif et les coins de sa bouche se retroussent, mais sa femme, la fabricante de bougies, s’avance vers nous, l’air de vouloir me verser de la cire chaude sur la tête.
« Bon après-midi, alors, » je crie joyeusement, mes bottes brillantes claquant sur la route pavée et vers de nouveaux délices. Il y aura des foulards de soie de toutes les couleurs, des parfums à essayer, des crêpes à dévorer, du tabac à goûter et bien d’autres personnes intéressantes à rencontrer au cours de ce voyage.
À mes chers lecteurs : citoyens du monde, bohèmes, intellectuels, hommes et femmes, chats et chiens… Je vous exhorte à sortir et à vous pavaner dans les rues de Paris, en particulier sur les marchés. Il y a tant de personnages fascinants à rencontrer, et nous pouvons apprendre beaucoup les uns des autres. Plus important encore, nous pouvons rapprocher nos classes et nos identités en cultivant le sens de l’amusement, du plaisir et de la joie. Je quitte la rue Mouffetard en sentant l’odeur d’un saloon, d’un champ de chèvres, d’un vignoble, d’une ruche. Je suis plus léger et j’ai le ventre plein. Maintenant, il est temps de me détendre dans mon appartement et de lire les derniers écrits de Delphine de Girardin, ma chère amie.
Bisous,
Geneviève de Carcassonne
- Le Silence des Voixby Riley Weaver
4 Octobre 1873 -
Inès Moreau
En traversant les rues de Paris, les grands boulevards si méticuleusement façonnés par le baron Haussmann et l’industrie vigoureuse qui fait avancer cette ville, je ne peux m’empêcher de réfléchir aux mains qui alimentent cette croissance rapide. Notre ville si chère brille de la lumière du progrès, mais cette lumière jette une ombre profonde sur des nombreuses victimes oubliées – les immigrés, les femmes et les enfants qui travaillent sans repos dans nos usines.
La classe ouvrière, en particulier les femmes que je rencontre, se trouve au cœur de cette structure, mais reste invisible aux yeux de ceux qui profitent de leur travail. C’est pour eux que j’écris, pour leurs voix que je dédie cette rubrique. Des rues animées de Belleville aux usines mal éclairées de Saint-Denis, j’ai rassemblé les histoires de ces personnes, leurs luttes, leurs espoirs et leur endurance silencieuse.
Prenons l’exemple des jeunes filles que j’ai rencontrées dans une usine textile de Saint-Denis. Ici, l’air est chargé de l’odeur des machines, le bourdonnement constant des métiers à tisser étouffe même le son de la pensée. Ces filles, dont certaines n’ont pas plus de douze ans, sont à la base de la production. Elles se lèvent avant l’aube, les mains fatiguées par le travail sur les bobines de fil qui tissent le tissu même de la mode parisienne. Pourtant, elles ne se plaignent pas – elles ne peuvent pas se le permettre.
La transformation de Paris sous Haussmann a laissé de nombreux coins de la ville négligés, oubliés par les architects du progrès. Alors que les grandes avenues affichent leurs triomphes, les ruelles étroites où vivent ces ouvriers restent surpeuplées et insalubres. Ce contraste saisissant entre la vie des privilégiés et celle de la classe ouvrière reflète les véritables priorités de notre société.
Le bien-être de ces factions est souvent considéré comme sans importance par l’élite, qui ne voit dans la classe ouvrière qu’un moyen de parvenir à ses fins. Combien de nos bourgeoises, parées des plus belles soieries, savent-elles que les vêtements qu’elles portent ont été touchés par les mains fatiguées des jeunes ? Ne comprennent-elles pas que derrière chaque dentelle délicate et chaque ruban de satin se cache l’histoire d’une souffrance ?
Bien que ces immigrés, ces femmes et ces enfants n’aient pas le droit de voter, ils font partie de la France au même titre que les hommes politiques qui dictent leur destin. Il appartient aux citoyens votants de ce pays de parler au nom de ceux qui ne le peuvent pas. Alors que la population d’immigrés continue de se multiplier dans notre capitale, nous devons reconnaître que leurs destins sont liés aux nôtres.
Au cours de mes voyages, j’ai rencontré des femmes immigrées de toute l’Europe et des colonies françaises, attirées à Paris par la promesse d’un travail, mais qui se retrouvent prisonnières du même cycle de pauvreté que celui qui lie tant de travailleurs français. Leurs histoires méritent également d’être racontées. Il est temps que nous reconnaissons que la croissance de notre industrie s’est faite sur leur dos et qu’en l’absence d’une réglementation du travail appropriée, nous sommes tous complices de leur exploitation.
L’histoire de ces personnes me rappelle mon propre héritage, celui de la famille Moreau qui a traversé la tempête des révolutions et des empires. Mes ancêtres connaissaient trop bien la douleur des bouleversements politiques, mais ils croyaient en la promesse du changement. Aujourd’hui, nous devons mobiliser ce même esprit de révolution, l’esprit de la troisième république, mais cette fois-ci pour les travailleurs oubliés qui sont essentiels à notre prospérité.
J’invite les lecteurs de cette chronique, en particulier ceux qui ont le privilège de voter, à réfléchir profondément aux conditions de travail de ceux qui travaillent dans nos usines. Nous ne pouvons pas permettre que leurs vies restent invisibles. Chaque article qu’ils fabriquent, chaque produit qu’ils assemblent, contribue à la croissance de l’industrie française. Sans eux, notre ville ne serait plus ce qu’elle est aujourd’hui.
Le temps de l’action est venu. Exigeons de meilleures conditions de travail, des horaires plus courts et surtout le respect des ouvriers. Il ne suffit pas d’admirer la beauté de Paris sans tenir compte du prix qu’elle a coûté. Ce n’est qu’en mettant en lumière ces parties oubliées de notre ville que nous pourrons vraiment nous considérer comme une société de progrès.
Inès Moreau, écrire pour ceux qui ne le peuvent pas.
- Anne Colaire : Notre ville, leurs viesby Hannah Davydov
Lors d’une soirée au salon, la discussion littéraire terminée et le thé déjà froid, la salonnière nous pose une question :
— Avez-vous lu la chronique d’hier ?
Voilà comment nous nous embarquons dans une causerie qui ne sait pas se terminer, semaine après semaine. Et voici ce que je me demande à chaque fois : que distingue cette conversation de toute autre conversation entre moi et mes compatriotes ?
— Anne, vous aimeriez bien celle-ci, m’assure une des dames assise dans le salon.
Je lui lance un beau sourire et une petite réponse enthousiaste, bien que je sache exactement ce que je trouverai dans les journaux éparpillés sur la table. Cependant je me permets de les feuilleter quand même.
Les femmes dans la rue portent des mantelets de dentelle splendide … M. B*** s’est fiancé à Mlle. D*** bien qu’il aie une maîtresse … J’ai passé une belle soirée au théâtre du Palais-Royal comme toutes les autres … Que nous étions ravis de rencontrer cet homme de lettres en plein milieu du boulevard du Montparnasse ! … La réunion au salon s’est passée ainsi …
Je ne peux pas m’empêcher de bâiller. Tout ce que je vois, c’est tout ce que je connais déjà. Est-ce tout dont nous sommes capable de parler ? De nous-mêmes — de la frivolité qui marquent nos vies ? J’en ai marre.
Cher lecteurs, vous n’êtes pas abonnés à ce journal estimé sans raison. Vous désirez être au courant de l’actualité dès qu’elle arrive ; vous désirez apprendre tout ce qui se passe autour de vous chaque jour ; vous désirez connaître Paris, votre chère ville, en toute sa vérité. Pourquoi la chronique ne serait-elle pas d’une aussi haute qualité ? Votre chroniqueuse n’est-elle pas obligée de vous servir la chronique que vous méritez ?
C’est pour cette raison que je vous offre une nouvelle série de chroniques que j’appellerai « Notre ville, leurs vies ». Voici ce que je crois : c’est aux chroniqueurs de représenter la réalité de la société moderne, de chercher dans tous les coins de la ville pour découvrir de quoi il s’agit, de révéler l’autre côté de Paris. Les chroniques mondaines qui remplissent les colonnes des journaux ne nous disent rien de nouveau. Ces chroniqueurs ne font que s’admirer dans le miroir le matin et régurgitent ce qu’ils voient dans le journal le lendemain.
Moi, je préfère regarder autour de moi, voir les gens qui nous paraissent trop souvent invisibles. C’est l’ouvrière de l’usine textile qui me permet de m’habiller d’une belle tenue le matin. C’est l’éboueur qui fait que cette tenue n’est pas tachée par des ordures quand je sors dans la ville. C’est le marchand qui remplit la rue avec ses cris caractéristiques de Paris. Et quand je rentre chez moi le soir, c’est la femme de ménage qui assure que la maison est propre, et je peux me coucher tranquillement. Ce sont tous des gens avec leurs propres histoires et leurs propres vies ici à Paris.
Je vous supplie de faire pareil. Regardez, et demandez-vous sincèrement : où serions-nous sans eux ? Que serait Paris sans leur présence ?
Tout en regardant ailleurs, n’oubliez pas ceci : il faut aussi que nous regardions à l’intérieur de nous-mêmes. Reconnaître la réalité de la vie parisienne exige que nous nous interrogions. Cela fait trop longtemps que nous ignorons la réalité qui se passe devant nos yeux et que nous traitons la classe ouvrière comme inférieure. Il est temps que cela change.
Si vous êtes prêts à découvrir l’autre partie de la ville en remettant en question votre place dans la société parisienne, rejoignez-moi à la suite. Cette chronique vous sortira de la bulle qui vous entoure et vous empêche de regarder de près toute la réalité de Paris.
Je souligne : dans notre ville se passent aussi leurs vies.
ANNE COLAIRE.
- Fantine D’Avignon – Les Rues des Femmes à Parisby Mary Huffaker
D’un point de vue extérieur, on dit que Paris est la ville lumière ou la ville de l’amour. Ces sobriquets que nous donnent de simples visiteurs et parvenus de notre parenté commune ne révèlent que ce que Paris révèle à un niveau superficiel. Paris, pour ceux qui ne connaissent pas le véritable air de la ville, n’est que superficiel. Les perceptions superflues et les vues idéalistes romantisent Paris – et Paris est ainsi façonné pour représenter dans l’esprit de l’étranger sa propre fiction. Cependant, ces erreurs superposent le vrai Paris – notre Paris – un Paris connu uniquement de Paris et de Paris seulement.
Notre ville ne dort jamais vraiment, comme la plupart des villes. La journée commence ici avant même de vraiment commencer. Aux yeux de l’extérieur, la vie parisienne est liée par une monotonie romancée. Pourtant, les rues de Paris racontent une histoire bien plus profonde que ce que l’on croit. Pour beaucoup, les Parisiens ne sont que des éléments du paysage parisien, en particulier les femmes ; ces perspectives extérieures se répercutent sur le pouvoir et les autorités parisiennes. Les femmes jouent un rôle malheureusement involontaire dans la société parisienne. Contraints d’être des serviteurs familiaux et des citoyens de 2e classe, mais nés pour bien plus. Notre rôle imposé dans la société parisienne a notre existence par rapport aux hommes ; nous ne sommes rien sans les hommes. Pourtant, les femmes sont bien plus que de simples éléments du paysage parisien. En réalité, nous sommes l’épine dorsale de notre société. Nous sommes les seules à expliquer pourquoi le paysage parisien est si romancé, car il n’y aurait rien de romancé sans les femmes. Les femmes font le foyer, élèvent et soutiennent les familles, donc les femmes font l’homme.
Même si beaucoup ne reconnaissent pas notre rôle vital dans la société, je le constate et je l’applaudis. Je le recommande. Les rues de Paris illustrent le rôle et le pouvoir des femmes. Il faut dépasser les représentations superficielles de Paris et se pencher sur la réalité profonde de la société parisienne.
Le rôle crucial des femmes dans la société commence, avant même le début de la journée. Aux fenêtres des appartements et des maisons donnant sur la rue, aux petites heures du matin, nous voyons une mère bercer son jeune bébé à la simple lueur des bougies, le petit-déjeuner du matin en train d’être préparé sur la table à côté d’elle et une pile de vêtements à réparer derrière elle. Les enfants apparaissent un à un alors qu’elle continue de travailler aux côtés du soleil levant. Elle fait des tournées pendant qu’elle prépare le petit-déjeuner et aide ses enfants à préparer la journée. Elle salue son mari et lui tend sa première nourriture pour la journée, tout en s’arrêtant brièvement pour raccommoder son pantalon. Alors que son mari part, elle se rend à son prochain travail de la journée, accomplissant les tâches ménagères et divertissant ses enfants.
Dans la rue, nous voyons nombre de nos Parisiennes cumuler plusieurs rôles. De femme au foyer à mère en passant par vendeuse, nous devons porter plusieurs casquettes pour soutenir nos familles, et donc la société. Au coin, on aperçoit les poissonniers qui vendent les prises de leurs maris fraîchement sorties du bateau ce matin même. Au coin voisin, des femmes crient pour vendre leurs légumes et leurs œufs, leurs plus jeunes enfants courant à leurs côtés. Je les regarde travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles. Je les regarde vendre à d’autres femmes, subvenant ainsi aux besoins de leur famille. La nécessité engendre le changement et l’innovation. Ce changement, qui n’a pas encore été reconnu par mes pairs masculins, illustre l’importance même des femmes. Car ce ne sont pas les hommes qui étaient censés assumer davantage de responsabilités, mais plutôt les femmes qui vont de maison en rue, en maison, accomplissant un équilibre entre le foyer et le travail dans la rue. Seules les femmes peuvent répondre à ces attentes, car c’est pourquoi nous devons les réaliser, pas les hommes.
Les femmes, dans tout leur pouvoir, doivent accomplir des tâches ménagères complètes tout en gagnant un revenu. Et celles-ci sont censées avoir le dîner sur la table au moment où leurs maris rentrent à la maison. Notre rôle, bien qu’involontaire, nous donne du pouvoir ; un pouvoir qu’aucun homme n’a, un pouvoir qu’aucun homme n’a réalisé qu’ils nous ont donné. Nous faisons tout. Les rues illustrent à quel point nous sommes puissants et comment, sans nous, la société parisienne s’effondrerait. Sans nous, il n’y aurait pas de Paris.
- Chroniques du style : Paris en modeby Olivia Weiner
Par Estelle Violette
Aujourd’hui, plongeons ensemble dans les rues de Paris, ce véritable théâtre de la mode où le style s’exprime à chaque coin de rue. En tant qu’observatrice passionnée, j’ai découvert une richesse incroyable dans les tenues des Parisiens. Chaque rue, chaque boulevard raconte une histoire à travers ses styles, et c’est cette diversité qui fait la beauté de notre capitale. C’est fascinant de voir comment chaque quartier a ses propres tendances, du Marais au Quartier Latin.
La mode de la rue, c’est un mélange d’audace et de créativité. Je suis fascinée par les femmes qui portent des broderies éclatantes et par les hommes en chapeaux haut-de-forme qui ajoutent une touche de charme et de mystère. Ces détails, souvent négligés, révèlent une attention particulière à l’esthétique. Récemment, j’ai remarqué une tendance étonnante : le mélange des motifs. Oui, mes amis, oser associer des fleurs à des rayures est désormais à la mode ! Quelle belle façon de se démarquer dans une ville où chaque jour peut être une scène de spectacle. Les Parisiens osent, et cela donne lieu à des “looks” uniques et inspirants.
Ce que j’apprécie dans cette mode de rue, c’est qu’elle est accessible. Avec mes compétences de couturière, je m’inspire des looks que je croise pour créer des vêtements dignes des plus grandes maisons. Pourquoi dépenser une fortune quand on peut être élégant avec un peu de créativité ? Parfois, une pièce vintage, associée à des accessoires modernes, peut transformer une tenue ordinaire en un ensemble extraordinaire. J’adore chercher dans les friperies pour trouver des trésors qui racontent une histoire.
Les tendances évoluent rapidement. Actuellement, la jupe plissée fait un retour remarqué, portée aussi bien par les jeunes que par les femmes plus âgées, soulignant l’idée que la mode transcende les générations. Les couleurs vives sont également de retour, et je vois de nombreux Parisiens revêtir des teintes éclatantes qui illuminent la ville, apportant une touche de joie et de fraîcheur à notre environnement urbain. Ces choix audacieux montrent une envie de s’affirmer et de s’exprimer.
Mais la mode n’est pas seulement une question d’esthétique, elle est aussi synonyme de rumeurs et de discussions. J’ai récemment entendu parler de notre chère Mademoiselle Céleste, vue avec un chapeau qui, aurait dû rester dans les oubliettes de la mode. La vigilance est de mise dans ce monde, car chaque choix vestimentaire peut être analysé et critiqué. Cela dit, chaque amateur de mode sait que le vrai style réside dans l’assurance avec laquelle on porte ses choix, peu importe les murmures. Le regard des autres peut être un défi, mais il peut aussi être une source d’inspiration.
Chaque jour, mon carnet se remplit de croquis et d’idées. Je suis impatiente d’explorer encore plus de tendances et, peut-être un jour, de voyager à travers l’Europe pour rapporter des inspirations nouvelles à notre belle ville. Je rêve de découvrir comment d’autres cultures expriment leur identité à travers la mode, d’Italie à l’Espagne, en passant par le Royaume-Uni. Chaque destination offre une nouvelle palette de couleurs et de textures, enrichissant ainsi ma vision du style. Les marchés, les boutiques locales, tout est une source d’inspiration qui nourrit ma passion.
Alors, chers lecteurs, n’hésitez pas à exprimer votre style avec courage. La mode est une aventure à vivre chaque jour, une façon de célébrer qui nous sommes et comment nous voulons nous présenter au monde. Soyez inspirés, amusez-vous avec vos choix vestimentaires ! N’oubliez jamais que chaque pièce que vous portez peut raconter une histoire.
À la semaine prochaine pour de nouvelles découvertes mode.
Avec tout mon enthousiasme,
Estelle Violette - Françoise Francillon: Un Matin à Parisby Annika Lof
Quand vous dormez à Paris, la ville est encore levée – il y a toujours des gens qui marchent autour de la ville. Dans notre tour de Paris, nous faisons des choses dans une manière un peu différente, nous entrons dans ces maisons pour voir ce que passe dans les coins qu’on ne voit pas quand on marche dans la rue.
Nous commençons notre journée quand le soleil se lève avant quatre heures du matin. Il n’y a personne dans la rue, comme la ville dort finalement, mais si on entre dans une maison – aucune de ces maisons, ferez votre choix – on voit que la mère est déjà en train de travailler. Le bébé dort maintenant, mais il a commencé à pleurer il y avait une heure, alors la mère s’est levée pour le réconforter et puis elle a commencé son travail pour la journée. Elle doit commencer la vaisselle. Elle la commence quand il n’y a aucune lumière sauf une petite bougie, mais quand le soleil se lève elle peut finalement voir son travail. Ses jointures sont meurtries mais elle continue son travail parce qu’elle doit laver tous les vêtements de la famille pour les sécher avant la prochaine journée.
À quatre heures et demie, quand les premiers ouvriers appariaient dans la rue, nous allons à une autre maison où une femme est retournée du boulanger avec une miche de pain. Elle prépare le petit déjeuner pour son mari qui se lève pour se préparer pour une longue journée à l’usine. Dans quelques minutes, à cinq heures, il va dans la rue et entre la vie de Paris, mais elle reste dans la maison pour faire le ménage, pour cuisiner et s’occuper des enfants, pour travailler tout le temps que son mari est au travail mais elle ne gagne aucun argent, elle ne reçoit aucune recognition pour le travail qu’elle fait.
Mais maintenant les ouvriers partent pour le travail, on entend leurs voix de plus en plus haut sur les rues, et nous marchons dans la rue avec eux pour quelques minutes. Mais ici, quand ils vont à gauche, nous continuons droit pour voir une autre maison. Ici, le mari est aussi parti pour son travail, et nous observons la femme et sa longue journée qui a commencé depuis quelques heures. Maintenant, c’est l’heure où les enfants commencent à se lever. Le bébé dort encore – elle a de la chance aujourd’hui! – mais le fils qui a trois ans est malade aujourd’hui. Elle essaye de le réconforter mais doit aussi prendre soin des autres enfants qui ont deux et cinq ans et veulent l’attention de leur mère.
Et maintenant il est six heures et la ville est vraiment éveillée. Les oiseaux chantent et on entend les gens qui vendent des choses dans la rue – les journaux, les fleurs, les petits jouets. Et nous allons à notre dernière maison pour aujourd’hui où une femme prend soin de quinze enfants. Ce ne sont pas tous ses enfants, bien sûr, mais elle aide les autres mères dans le quartier qui doivent aller au travail ou qui sont trop malades à partir de leurs lits, ceux qui doivent cinq minutes – seulement cinq minutes – pour effectuer leur travail sans les enfants pour les distraire.
Il y a, bien sûr, plusieurs maisons et familles dans ces nombreuses rues et nous ne pouvons pas tout voir. Mais on sait qu’ils sont là et que les mères – les femmes – effectuent le travail dans toutes ces maisons tout au long du journée et ne sont pas remerciés pour leur travail. Nous avons commencé notre journée assez tard, avec le soleil, mais si nous étions plus tôt, nous verrions les mères qui réconfortent leurs bébés tout au long du nuit quand leurs maris dormaient, les mères qui ne dormaient pas parce qu’elles pensent de tout qu’elles doivent faire pour aider leurs familles le prochain jour. Ces femmes sont dans chaque maison mais elles ne sont pas reconnues pour tout ce qu’elles font pour leurs familles, tout au long de la journée et pendant toute la nuit, partout à Paris.