La nation, la «communauté imaginée», la presse

COURS 2

[The nation] is an imagined political community – and imagined as both inherently limited and sovereign. It is imagined because the members of even the smallest nation will never know most of their fellow-members, or even hear of them, yet in the minds of each lives the image of their communion. […]

The nation is imagined as limited because even the largest of them […] has finite, if elastic, boundaries, beyond which lie other nations. […]

It is imagined as sovereign because the concept was born in an age in which Enlightenment and Revolution were destroying the legitimacy of the divinely-ordained, hierarchical dynastic realm. […]

Finally, it is imagined as a community, because, regardless of the actual inequality and exploitation that may prevail in each, the nation is always conceived as a deep, horizontal comradeship.

Benedict Anderson, Imagined Communities, pp. 6-7

Or l’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun, et aussi que tous aient oublié bien des choses. Aucun citoyen français ne sait s’il est Burgonde, Alain, Taïfale, Visigoth ; tout citoyen français doit avoir oublié la Saint-Barthélemy, les massacres du Midi au xiiie siècle. […] La nation moderne est donc un résultat historique amené par une série de faits convergeant dans le même sens.

Ernest Renan, «Qu’est-ce qu’une nation?» (1882)

Das Zeitungslesen des Morgens früh ist eine Art von realistischem Morgensegen. (La lecture du journal, le matin au lever, est une sorte de prière du matin réaliste).

Georg Wilhelm Friedrich Hegel, philosophe allemand, Notes et Fragments, 1803-1806

Introduction à la presse du 19e siècle

COURS 1

La «civilisation du journal»

Les historiens du livre et de la lecture ont souvent vu le XIXᵉ siècle comme le moment du triomphe du livre; il faudrait sans doute plutôt parler du triomphe de l’imprimé et, plus précisément, de l’imprimé périodique. Car c’est par la presse, celle du roman-feuilleton et des quotidiens à un sou, que les nouveaux alphabétisés entrent dans la lecture. […] Plus avant dans Ie siecle, on observe que les classes populaires viennent à la lecture par le journal, et par le roman-feuilleton en particulier. […]

En 1803, les onze titres de quotidiens parisiens autorisés par le pouvoir représentent un tirage journalier de 36 000 exemplaires. Entre 1830 et 1914, la presse parisienne, dont la diffusion est à la fois parisienne et provinciale, voit ses tirages multipliés par soixante. Deux moments de changements d’échelle se détachent : la rupture de 1836, tout d’abord, avec la division par deux du prix de l’abonnement, qui passe de 80 à 40 francs et permet en deux décennies le doublement des tirages, atteignant 145 000 exemplaires en 1845. Ensuite, la rupture de 1863, avec l’affirmation de la presse vendue au numéro pour un sou (5 centimes) : entre 1845 et 1870, les tirages quintuplent et dépassent le million d’exemplaires, dont 600 000 pour la presse à un sou en 1870. Les quatre-vingts quotidiens parisiens atteignent, en 1914, 5,5 millions d’exemplaires.

Judith Lyon-Caen, «Lecteurs et lectures», La Civilisation du Journal, p. 29

Les journaux mentionnés par Judith Lyon-Caen au début du chapitre «Lecteurs et lectures»:

L’alphabétisme

Un graphique montrant que de plus en plus d’hommes et de femmes peuvent signer leur nom entre le début et la fin du 19e siècle (Jean-Pierre Pélissier et Danièle Rébaudo, « Une approche de l’illettrisme en France », Histoire & mesure, XIX – 1/2 | 2004, 161-202)

La matérialité du journal

Deux courts-métrages de l’année 1896 où on peut voir la taille d’un journal quotidien :

Le Coucher de la mariée (1896) – Scène légèrement érotique. On voit un mari qui attend que sa femme se déshabille. Pour passer le temps en attendant, il ouvre un journal – à l’envers !
Court-métrage de Nadar (1896) – On voit Nadar lui-même fumant et ouvrant un journal. On peut voir que le journal se plie en accordéon et peut se porter de cette manière dans la poche.

Les présentations orales – sujets et dates

Vous présenterez à l’oral une des lectures, un groupe de lectures, ou un des thèmes au programme et en animerez la discussion en classe.

Votre temps de parole sera environ 10-15 minutes, mais votre présentation durera plus longtemps puisqu’il y aura des questions, des discussions, des interventions de ma part, etc.

Pour ce faire, il y a beaucoup de ressources disponibles (lien à des articles, des sources, pour chacun des textes/auteur·es).

La semaine précédant votre présentation, vous devrez prendre rendez-vous avec moi : vous viendrez à la réunion ayant lu le(s) texte(s) en question et avec une ébauche des questions que vous poserez à la classe.

Au lieu de faire le diaporama habituel, vous publierez un «post» sur WordPress dans la catégorie «Présentations». Dans ce post, vous pouvez ajouter des images, des citations, vos questions, quelques phrases pour structurer votre présentation, etc. Nous projetterons cette publication pendant votre présentation en classe, alors mettez-y tout ce que vous voulez montrer à la classe !

Inscrivez-vous ici pour un sujet et une date (après le cours du mercredi 18 septembre) :

Les présentations orales – sujets et dates (Google Doc – lien à venir)